La junte au pouvoir souhaite recruter 50 000 forces supplétives civiles pour accompagner l’armée dans sa lutte contre le terrorisme.
Fin octobre la junte a appelé au recrutement massif de « volontaires pour la défense de la patrie » (VDP) afin d’aider l’armée face à la menace terroriste. Depuis lors, les candidats défilent dans les sites d’enrôlement des différentes régions du Burkina Faso
Selon un chef koglweogo, « Il y a beaucoup de jeunes, des paysans, des orpailleurs, des commerçants » qui souhaitent s’enrôler. Le gouvernement espère ainsi mobiliser, 15 000 forces supplétives dans tout le pays.
Un mois après son putsch, le capitaine Ibrahim Traoré met en place sa stratégie pour tenter de reconquérir les vastes pans de territoire occupés par les groupes armés. Il veut « aller vite » et mise sur une « mobilisation patriotique et populaire » de l’ensemble des Burkinabés pour lutter contre les violences djihadistes.
Le colonel Boukaré Zoungrana, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, travailles en ce moment sur un nouveau « concept d’emploi » permettant encadrer la montée en puissance des VDP. Selon lui, « ce n’est ni à la France ni à Wagner [groupe paramilitaire russe] mais à nous, Burkinabés, de défendre notre pays pour sa survie ».
Il s’agit ainsi d’intégrer 15 000 civils au sein d’ « unités de combat » qui pourront « se déporter » à tout moment dans le pays en appui, en cas d’attaque, ou pour participer aux « opérations militaires sur le théâtre national ». En effet, les rangs des militaires manquent de moyens humains et matériels face à la multiplication des fronts, dans le Nord, l’Est et l’Ouest. A plus long terme, les autorités envisagent de mobiliser 35 000 autres VDP, afin de protéger les« populations » et les « biens » dans leur village ou commune d’origine. L’objectif est de former des « blocs défensifs » pour empêcher les incursions djihadistes. « On ne veut plus qu’ils puissent entrer pour brûler une école, tuer des habitants, mener des prêches » a déclaré le colonel Boukaré Zoungrana.
Une fois retenus, les volontaires devront suivre une formation « de deux à quatre semaines » durant laquelle ils apprendront à manier une arme et seront sensibilisés au droit international humanitaire et aux règles d’engagement. La supervision se veut plus étroite « Au moindre acte contraire au code de conduite ou à la loi, nous suspendrons d’office leur contrat et, selon la gravité, procéderons à des poursuites judiciaires », précise le commandant Boukaré Zoungrana.
« L’objectif est de reconquérir au fur et à mesure les villages désertés avec l’aide des VDP qui resteront, une fois la zone nettoyée » – colonel Boukaré Zoungrana, ministre de l’administration territoriale Le projet est ensuite d’intégrer au fur et à mesure ces volontaires au sein de l’armée. « Ils connaissent mieux le terrain et sont plus proches des habitants, ils obtiennent du renseignement plus facilement », selon l’encadrement.
Reste à savoir combien de jeunes auront le souhait de s’enrôler. D’autant que la « milicianisation » de la lutte peut présenter un risque : celui d’une spirale de violences intercommunautaires et d’entrave à des initiatives de dialogue avec les groupes armés.