Durant trois décennies Henri Konan Bédié a régné sur le plus vieux parti ivoirien, le PDCI. L’ancien président est mort le 1er août. Et dès lors, le PDCI doit identifier un nouveau leader.
Deux semaines après la mort d’Henri Konan Bédié (« HKB ») le 1er août, la Côte d’Ivoire s’interroge sur l’homme qui pourrait prendre la succession du « Sphinx ». HKB, a passé vingt-neuf années à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). HKB n’a jamais désigné un successeur. Henri Konan Bédié régnait sans partage sur son parti politique.
Alors que s’annoncent les élections municipales et régionales du 2 septembre et que la prochaine présidentielle doit se tenir dans deux ans, le PDCI doit être prêt et être en capacité de présenter le leader du parti. Pour le mopment, c’est le plus âgé de la centaine de vice-présidents qui assure pour l’instant l’intérim à la tête du PDCI, à savoir Philippe Kwassi Cowppli-Bony.
Cowppli-Bony a tenu à l’occasion des obsèques de HKB, un discours destiné à galvaniser les troupes, en citant l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny pour lequel « c’est dans le deuil qu’on refait l’unité». « Nous sommes tous devenus orphelins, a déclaré Philippe Kwassi Cowppli-Bony. C’est pourquoi nous devons puiser, chacun et chacune, dans le tréfonds de soi-même, l’élan de solidarité, en la mémoire de notre président, afin de faire gagner les candidats qu’il a choisis avant de nous quitter. »
Philippe Kwassi Cowppli-Bony a 91 ans et a déjà annoncé qu’il n’aurait pas l’énergie de conduire le parti. La guerre de succession peut donc commencer. Avec, au premier rang des prétendants le secrétaire exécutif en chef du parti, Maurice Kakou Guikahué.
Maurice Kakou Guikahué était le bras droit de « HKB », la pierre angulaire du parti et a été longtemps présenté comme son dauphin. Mais l’influence de M. Guikahué a grandement diminué lors de l’élection présidentielle de 2020, alors que la stratégie de boycottage actif du PDCI s’est révélée être un échec ; Alassane Ouattara ayant été réélu à la tête de l’Etat.
Guikahué devrait être confronté à Noël Akossi-Bendjo, 72 ans, l’ancien maire du Plateau, une des communes d’Abidjan et ex-patron de la Société ivoirienne de raffinage (SIR). Exilé à Paris durant trois ans suite à une condamnation pour détournements de fonds, il s’est vu confier par Henri Konan Bédié l’une des vice-présidences du parti et le poste de conseiller spécial chargé de la réconciliation. Cependant en mars, M. Akossi-Bendjo avait provoqué un tollé au parti en affirmant, dans une interview qu’il était temps pour Bédié de céder la place pour devenir « le Mandela de la Côte d’Ivoire».
C’est plutôt du côté des jeunes qu’il faut regarder le futur du parti. Parmi eux, Thierry Tanoh, 61 ans, ex-directeur général de la banque panafricaine Ecobank, ancien ministre du pétrole dans le gouvernement d’Amadou Gon Coulibaly, aujourd’hui chargé des finances du parti, apparaît être un candidat sérieux à la présidence du PDCI.
Restent les interrogations autour de l’avenir de Tidjane Thiam. Le nom de l’économiste franco-ivoirien de 61 ans, ancien directeur général du Credit Suisse et neveu de l’ancien président Houphouët-Boigny est régulièrement cité comme celui d’un éventuel recours.
Tidjane Thiam s’est d’ailleurs exprimé récemment « Cela fait trente-sept ans que je travaille, a-t-il rappelé. Je crois que la petite expérience que j’ai peut être utile en Côte d’Ivoire. Même quand je n’étais pas là, j’ai fait des choses qui ont profité à la Côte d’Ivoire. » « J’ai toujours été à la disposition de mon pays. Jamais mon pays n’a fait appel à moi sans que je ne réponde. »