Les chefs d’état-major des pays de la Cedeao se sont déclarés prêts à intervenir contre la junte, si besoin est. Certes, mais le Mali et le Burkina Faso ont annoncé quant à eux, qu’une opération contre Niamey serait assimilée à une « déclaration de guerre » à leur encontre.
A quelques heures de l’expiration de l’ultimatum fixé au dimanche 6 août par les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour que les militaires nigériens rendent le pouvoir au président Mohamed Bazoum, les deux camps – celui des « putschistes », qui soutient la junte nigérienne, et celui des « légalistes », qui réclame la réinstallation du dirigeant renversé – restent sur leurs positions. La guerre n’est pas à exclure. Ainsi, cette confrontation éventuelle entre « blocs » serait inédite en Afrique de l’Ouest.
Vendredi, à Abuja, les chefs d’état-major des pays de la Cedeao ont conclu trois jours de réunion en annonçant que les contours d’une « éventuelle intervention militaire » contre la junte nigérienne ont été « définis ». « (…) la manière et le moment où nous allons déployer la force », ont été décidé selon les dires du commissaire chargé des affaires politiques et de la sécurité, Abdel-Fatau Musah.
Une source militaire affirme que près de 50 000 soldats pourraient être mobilisés pour cette opération, un chiffre considéré comme « plausible » par plusieurs experts. Ce chiffre correspond au nombre d’hommes que l’armée nigérienne pourrait aligner en 2025s. Plusieurs pays comme le Nigeria, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont d’ores et déjà confirmé leur participation à cette force. Le Tchad a annoncé qu’il n’y participerait pas.
Cependant « la voie militaire n’est que la dernière option sur la table », a souligné M. Musah. Mais, ces derniers jours, les options de dialogue semblent diminuer : la médiation envoyée mercredi à Niamey n’a pas été reçue par le général Abdourahamane Tiani, à la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), et n’a pas pu rencontrer M. Bazoum, le président déchu, toujours séquestré.
Le Nigeria est la pierre angulaire du dispositif, qui mobilisera des moyens terrestres et aériens en cas d’intervention. « Si Abuja y va, il y aura une opération militaire ; s’il recule, il n’y en aura pas », estime la source militaire. « Pour chaque pays, l’enjeu est existentiel. D’abord, un écroulement du Niger serait très préoccupant sur le plan sécuritaire, avec un risque d’extension de la zone d’influence des groupes djihadistes. Ensuite, sur le plan politique, si les dirigeants de la Cedeao ne réagissent pas, ils encourent le risque d’entériner le fait que les régimes militaires sont la norme et qu’ils sont les prochains sur la liste », analyse un ministre nigérien du gouvernement renversé.
En cas de confrontation, l’unité de l’armée nigérienne sera scrutée de près. Considérée comme l’une des meilleures armées de cette zone géographique, elle est dotée d’une douzaine de bataillons de forces spéciales formés par des partenaires de toutes nationalités (le dernier en date étant l’Egypte).
Ainsi, les soldats seront-ils solidaires du général Tiani ? Le général Tiani « est un général mal-aimé de la troupe », souligne le ministre nigérien du gouvernement renversé. Mais le général certes mal aimé pourra compter sur des militaires expérimentés. La junte pourra également s’appuyer sur le Mali et le Burkina Faso. Ces deux pays sont eux aussi, dirigés par des putschistes qui ont annoncé qu’une intervention contre Niamey serait assimilée à une « déclaration de guerre » à leur encontre. Allié de la Russie en Afrique, Bamako travaille main dans la main avec le Groupe Wagner, qui a déployé environ 1 600 mercenaires sur son territoire.
Evgueni Prigojine, s’est réjoui de ce nouveau coup contre les « colonisateurs », aidera-t-il Niamey ? Le rapprochement est surveillé de près par les forces occidentales présentes au Niger, alors que la junte veut changer d’alliance.
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