La métropole ivoirienne de 5,6 millions d’habitants connaît des épisodes pluvieux de plus en plus intenses et souvent mortels.
C’est la saison des pluies en Côte d’Ivoire et les jours de répit succèdent aux jours de pluie. Et la pluie est tropicale, drue et chaude. En moyenne les précipitations au mois de juin se sont élevées à 300 mm. Les Ivoiriens le savent bien, cette période peut être meurtrière, l’eau tombant en abondance est dangereuse. Ainsi, en 2022, 19 personnes étaient mortes pendant la saison des pluies. L’année 20233 s’annonce plus meurtrière encore.
On dénombre déjà 10 personnes tuées dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 juillet. Et ce, en raison de glissements de terrain et d’éboulements dans la commune de Yopougon. En juin déjà, 15 enfants étaient morts à cause des intempéries. Et les épisodes meurtriers se succèdent. Notamment dans la commune de Yopougon, très exposée eux intempéries. Les quartiers « précaires » comme Millionnaire-Extension à Yopougon, sont nombreux à Abidjan. Les plus pauvres résidents dans des zones non constructibles, non prisées par les promoteurs immobiliers. S’y dressent des constructions fragiles, sans fondations et par la même particulièrement exposées aux intempéries et susceptibles d’être emportées par la première coulée de boue.
Le gouvernement pour lutter contre ces édifications de fortune, favorise le « déguerpissement ». Le déguerpissement consiste en l’expulsion des habitants et la démolition du quartier. Le ministre de l’hydraulique, de l’assainissement et de la salubrité, Bouaké Fofana, a lancé de nombreuses opérations d’évacuation forcée et de destruction des zones « critiques » du district d’Abidjan. « Nous préférons les populations vivantes, peut-être mécontentes provisoirement, mais nous les préférons vivantes », a expliqué le ministre pour justifier de ces opérations d’urgence.
La croissance démographique est galopante en Côte d’ivoire et la capitale économique ivoirienne a été construite sans que soient pris en compte des bassins versants et des zones inondables. Des plans d’urbanisme de détail (PUD) forment un premier cadre réglementaire, si ce n’est que les promoteurs immobiliers ne les suivent pas. Et des quartiers résidentiels, comme celui de la Riviera Palmeraie à Cocody, se retrouvent ainsi construits sur des zones inondables.
La Côte d’Ivoire multiplie les initiatives pour gérer les problèmes liés aux saisons des pluies. Abidjan s’est doté d’un système d’alerte précoce : « nous avons installé un réseau de 200 capteurs intelligents depuis la frontière du Ghana jusqu’à Yopougon, dans l’ouest d’Abidjan, qui observent les cellules de pluie, détaille Anthony Mocaër, responsable pays chez HD Rain. On utilise ensuite l’intelligence artificielle pour recréer des cartes de pluie en trois dimensions et faire des prévisions à deux heures. »
Le gouvernement a également initié la construction d’infrastructures de drainage. La construction de bassins à orage, retenant les eaux pluviales excédentaires, peuvent être des solutions, alors que nombre d’inondations sont dues au fait que les canaux d’évacuation sont bouchés.
Car le problème est bien structurel : Abidjan est une ville bétonnée, où les espaces verts manquant, la capacité d’absorption des sols est très limitée. La ville a été créée comme une bassine. Quand il pleut, cette bassine se remplit alors qu’une zone avec de la terre, et des arbres, n’est plus une bassine mais une passoire. Le gouvernement ivoirien commence à prendre en compte la nécessité d’infrastructures vertes.