Au Sénégal, le président Macky Sall reste en retrait de la scène politique alors que de vives contestations perdurent dans le pays après la condamnation à deux ans de prison pour « corruption à la jeunesse », de son principal opposant, Ousmane Sonko.
Tandis que le Sénégal s’embrase, le chef d’État Macky Sall reste silencieux.
Seize civils ont été tués lors des heurts entre les partisans d’Ousmane Sonko et la police, mais ni le président ni son gouvernement ne se sont exprimés.
« Face à un tel bilan humain, ce silence est inexplicable », déplore Déthié Fall, opposant et membre de la coalition Yewwi Askan Wi. Selon lui, Macky Sall devrait démissionner. « Son régime use d’une violence inouïe contre des manifestants qui ne veulent plus de lui. Il doit prendre la parole », réclame-t-il encore.
L’air serein face à une crise incontrôlable ?
Un cadre à la majorité présidentielle tente quant à lui de maintenir la face : « Il n’y a pas de crise politique ou de soulèvement contre le régime. Le président n’a dont aucune raison de s’exprimer sur les derniers évènements. Des éléments étrangers soutenus par le Pastef tentent de déstabiliser notre démocratie. Mais la situation est sous contrôle. Macky Sall parlera si la situation le réclame », assure-t-il.
En mars 2021, lors des contestations qui avaient fait quatorze morts dans le pays suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko, le président avait déjà tardé à s’exprimer. « Il avait fallu l’insistance des médiateurs religieux pour qu’enfin il prenne la parole », selon Gilles Yabi, fondateur du cercle de réflexion Wathi. Selon lui, Macky Sall « veut donner l’impression d’être serein malgré la gravité de la situation » et « fait le pari que l’appareil de l’État et les forces de sécurité contiendront la crise ».
Pour le moment, Macky Sall a seulement annulé sa venue à l’Africa CEO Forum qui devait se tenir à Abidjan les 5 et 6 juin.
