Les forteresses du Koutammakou sont menacées. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ce site du nord-ouest du pays est écartelé entre volonté de sauvegarder un héritage et désir de modernité.
Dans le nord-ouest du Togo, le Koutammakou s’étire sur des dizaines de milliers d’hectares depuis la rivière Kéran jusqu’au Bénin voisin. On y découvre des centaines de bastilles en terre crue, qui ressemblent soit à des petites forteresse, soit à de grandes termitières, sur lesquelles veillent les caïlcédrats.
Ces takienta sont les habitats des Batammariba, « ceux qui façonnent la terre » ou « les architectes de terre ». En 2018, les 50 000 ha qui constituent la partie togolaise du Koutammakou comptaient 1 800 de ces édifices. En 2020, une centaine avait disparu et, selon le ministère de la Culture togolais, leur nombre continue de décroître. Pourtant, ces takienta ont été classées au patrimoine mondial de l’Unesco en 2004. Un label « paysage culturel vivant » qui a fait du Koutammakou et du mode de vie de ses quelque 22 000 habitants le premier site classé au Togo. « C’est un exemple remarquable de système de peuplement traditionnel du Togo, caractérisé par une architecture exceptionnelle » explique Assinguime Mafissa, la directrice de la planification et du développement touristique au ministère de la Culture. Le Koutammakou s’illustre à la fois par l’architecture de ses habitations, qui remonte au XVIe siècle, et pour ses pratiques traditionnelles.
Ce précieux héritage est confronté à des menaces notamment en raison de l’aspiration des populations à davantage de modernité. « Il y a nécessairement une concurrence de la part du monde extérieur, admet Assinguime Mafissa. Depuis le début des années 2010, on a vu apparaître de plus en plus de constructions en dur dans la zone. L’État tâche de mettre en place des garde-fous pour ne pas dénaturer le paysage, mais les populations, qui prétendent à un mode de vie plus moderne, ne doivent pas subir ce statut patrimonial. »
L’Etat est favorable à un aménagement d’infrastructures modernes dans la limite de la zone urbaine de Nadoba, à l’est du site, afin de répondre aux besoins socio-économiques élémentaires des populations. Simultanément, l’Etat entend s’assurer de la transmission des techniques architecturales en réintroduisant certaines ressources sur le site.
Koutammakou est également un site touristique renommé. Celui-ci accueillait jusqu’à 1 500 visiteurs chaque année jusqu’à la pandémie. Pour inciter les touristes à revenir, l’État prévoit la construction d’infrastructures hôtelières calquées sur les édifices en terre crue
Cependant ce projet sur trois ans reste victime d’une nouvelle menace : la frontière avec le Burkina Faso, rend le pays particulièrement vulnérable. Une menace prise au sérieux par le gouvernement, qui affirme cependant que pour l’heure, « tout est sous contrôle ».
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