Côte d'Ivoire et Afrique occidentale
Le modèle de la bancassurance gagne du terrain en Afrique de l’Ouest

Après des débuts timides, les banques et compagnies d’assurance ouest africaines convainquent désormais de leur utilité, et sont en pleine expansion. Parmi elles, de grands groupes comme NSIA, ont même décidé de diversifier leurs activités, et de renforcer l’offre de bancassurance en Afrique subsaharienne.

L’inévitable bancarisation de l’Afrique

En Afrique de l’Ouest, le taux de bancarisation est globalement faible. Bien qu’il ait fortement augmenté ces dernières années (23% de la population en 2011 contre 55 % en 2021), ce taux reste bien inférieur à celui observé dans les pays développés (99% de la population française). En revanche, il dépasse désormais celui de certains pays émergents (40% de la population indienne).

Toutefois, malgré la forte progression observée ces dernières années, le taux de bancarisation de la population reste trop faible, notamment pour répondre aux besoins en financement de l’Afrique de l’Ouest. Selon Samuel Gayi, économiste principal pour l’Afrique à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) de Genève, si l’ensemble des Africains avaient accès aux services financiers du secteur bancaire conventionnel, « les taux d’épargne augmenteraient considérablement et l’Afrique pourrait peut-être satisfaire ses besoins en ressources financières et au-delà ».

Un travail de sensibilisation reste donc à faire, par les banques bien sûr, mais pas seulement. Selon Léonce Yacé, directeur général de NSIA Banque Côte d’Ivoire, l’une des principales institutions bancaires du pays, « plusieurs acteurs ont un rôle à jouer dans l’effort de bancarisation de nos pays : citons, sans être parfaitement exhaustifs, les pouvoirs publics, les autorités monétaires, et les établissements de crédit, notamment les banques. Face à ce défi, tous doivent travailler en synergie pour parvenir à faire bouger les lignes ». « Le développement du secteur informel est un véritable frein à la bancarisation, insiste Léonce Yacé. Les banques et les autres acteurs doivent conjuguer leurs efforts pour sensibiliser les populations à l’importance de la détention d’un compte bancaire. Sur ce point, j’identifie personnellement trois axes majeurs : l’accessibilité multicanale aux produits et services bancaires d’une grande part de la population, une offre de produits et services adaptée aux différents besoins et segments de marché et une politique de tarification souple et attractive ».

Ce n’est qu’en convainquant la population que les établissements de crédit disposeront des fonds nécessaires pour devenir moteurs, et pourront agir sur les différents pans de l’économie ouest-africaine. NSIA Banque Côte d’Ivoire, pour sa part, a choisi de se positionner sur le marché des TPE et PME ivoiriennes et d’Afrique de l’Ouest. « Les PME et les TPE restent les principaux vecteurs qui autorisent une solide croissance économique en Côte d’Ivoire, explique Léonce Yacé. Elles ont vocation à devenir le cœur de notre tissu économique. Mais elles ont besoin d’accompagnement pour leur développement et d’innovation pour leur mécanisme de financement. C’est précisément notre rôle de banque au service de l’économie réelle ».

Gros retard de l’assurance

Mais si la banque se fait, lentement mais sûrement, une place sur le continent, il en va autrement de l’assurance, qui y connaît un véritable sous-développement (hors Afrique du Sud). En cause ? Un vrai manque de confiance des assurés, qui voient l’assurance comme un coût superflu plutôt que comme un service leur conférant sécurité et tranquillité d’esprit.

Comme pour la banque et même plus encore, l’industrie de l’assurance doit donc se réinventer, en partenariat avec les régulateurs d’un côté, pour gagner la confiance de leurs clients, et vis-à-vis de ces derniers, pour véritablement répondre à leurs besoins.

Sory Diomande, directeur pour l’Afrique du Nord, de l’Est et de l’Ouest chez Swiss Re, pense avoir la solution pour redynamiser l’assurance : « Les régulateurs devraient engager davantage de réformes structurelles pour stimuler la croissance, et créer les conditions d’une concurrence saine et sereine entre les compagnies d’assurance, notamment en intégrant les Insurtechs, qui proposent des solutions digitalisées et servent de courroie de transmission entre les assureurs et les assurés ». « Des assurances obligatoires répondant véritablement aux besoins des assurés, et ayant donc une vraie valeur ajoutée, contribueront au développement du secteur, ajoute le dirigeant. Leur accès sera facilité par une forte digitalisation soutenue par le taux de pénétration très élevé de la téléphonie mobile en Afrique, ses applications et moyens de paiement, et par une modernisation de l’approche marketing des compagnies d’assurance, notamment en ce qui concerne la segmentation et le ciblage, la stratégie de communication et de commercialisation ».

Pertinence de la bancassurance

Pour pallier la méfiance qu’inspirent les assurances, de nombreux acteurs ont choisi de diversifier leur activité, en associant banque et assurance au sein d’un nouveau modèle de bancassurance. Parmi eux, le groupe NSIA fait office de référence. Créée en 1996, il aura fallu à peine dix ans à cette compagnie d’assurance ivoirienne pour s’ouvrir à la banque, lorsqu’elle rachète en 2006 la filiale ivoirienne de la Banque internationale pour l’Afrique occidentale (BIAO).

Depuis lors, et grâce notamment à la notoriété de ses filiales bancaires (comme NSIA Banque Côte d’Ivoire), le groupe NSIA a connu une forte croissance en Afrique de l’Ouest, et dispose aujourd’hui de filiales banques et assurances aussi bien au Sénégal, qu’au Mali, Guinée, Ghana, Cameroun ou Congo.

Preuve, d’ailleurs, de sa volonté d’extension, NSIA a conclu en 2021 un accord avec le groupe financier sud-africain Sanlam, pour l’acquisition de quatre filiales d’assurances au Togo, Gabon, Congo et en Guinée. En échange, le groupe ivoirien a cédé à Sanlam certaines de ses filiales Vie et Non Vie au Mali. Cette opération est « une étape importante pour le développement du groupe NSIA au Togo, Gabon, Congo et en Guinée », et vise avant tout à « répondre au besoin stratégique de recentrage de couverture géographique du pôle assurances », avait alors fait savoir le groupe.

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