En plus de développer son littoral pour permettre d’accroître le commerce interafricain et ses échanges avec le reste du monde, la Côte d’Ivoire travaille activement à sécuriser son territoire maritime, et plus largement le golfe de Guinée dans son ensemble.
Internationalisation des ports ivoiriens
Fer-de-lance de la stratégie maritime ivoirienne, le port autonome d’Abidjan s’est complètement métamorphosé ces dernières années, avec pour ambition de se hisser au rang de « hub sous-régional », et de devenir l’une des pierres angulaires de la façade atlantique de l’Afrique, entre Tanger (Maroc) d’un côté, et Durban (Afrique du Sud) de l’autre.
Le 2 décembre dernier, la Côte d’Ivoire a ainsi inauguré un deuxième terminal à conteneurs permettant de doubler la capacité du port d’Abidjan. Ce terminal, baptisé TC2, fera « entrer le port d’Abidjan dans une nouvelle dimension », s’était félicité Philippe Labonne, président de la société Bolloré Africa Logistics, lors de la cérémonie inaugurale. « Les infrastructures portuaires accueillent désormais des navires de 15 000 conteneurs contre 3 500 seulement il y a quelques semaines encore. Ce nouveau terminal fait donc doubler la capacité annuelle, qui passe d’un а deux millions de conteneurs par an », avait également précisé le dirigeant.
Outre ce futur hub d’Abidjan, la Côte d’Ivoire mise également sur le port autonome de San-Pédro (Sud Ouest), le premier pôle mondial de transit du cacao. Là aussi, un deuxième terminal a été construit courant 2022, pour accroître les volumes d’échanges et étendre l’activité du port aux minerais (manganèse et nickel ivoirien, lithium malien). « Ce projet structurant va contribuer à l’augmentation du PIB industriel, à l’amélioration de la balance commerciale, à la compétitivité des filières exportatrices ivoiriennes et à la création de milliers d’emplois dans le pays », s’était félicité le ministre des Transports ivoirien, Amadou Koné.
« On n’aura pas de problème à passer à 10 millions de tonnes d’ici à deux ans, assure pour sa part Patrice Zahabi, directeur de la stratégie et du développement du port de San-Pédro. Pour passer à 50 millions de tonnes, d’importants investissements sont prévus dans tout l’ouest du pays: augmentation de l’exploitation de fer et de cobalt, ouverture d’un second quai polyvalent et approfondissement du terminal de conteneur à 18 mètres, construction d’une ligne de chemin de fer… »
Sécurisation du territoire maritime
Pour répondre aux risques liés à la piraterie et au djihadisme, deux défis sécuritaires toujours bien présents dans le golfe de Guinée, la Côte d’Ivoire mène depuis plusieurs années des exercices militaires avec des pays occidentaux. En août 2018, la marine ivoirienne et un détachement de la garde côtière américaine avaient par exemple mené une opération militaire conjointe de sécurité maritime baptisée « Join Chain Rain », dont l’objectif était de prévenir et réprimer les actes de criminalité maritime dans les eaux ivoiriennes. Plus récemment, fin 2022, la Côte d’Ivoire a pris part à une importante série d’entraînements bilatéraux avec les forces françaises. Déployé dans le cadre de l’opération CORYMBE, le PHA Tonnerre avait participé à ces exercices en collaboration avec les forces armées terrestres et maritimes de la République de Côte d’Ivoire.
D’ailleurs, gage de son engagement constant, la Marine ivoirienne a inauguré jeudi 9 mars un tout nouveau navire de guerre, destiné à la surveillance et au maintien de l’ordre en mer. Baptisé PHM Contre-Amiral Fadika, ce bâtiment de classe OPV 45 (développé par l’armateur français Kership) présente un intérêt de premier plan pour Abidjan, puisqu’il consacre le retour du pavillon ivoirien en haute mer.
Enfin, pour contribuer à sécuriser la région, la Côte d’Ivoire travaille aussi en étroite collaboration avec la France et les dix-huit autres Etats riverains du golfe de Guinée dans le cadre de l’Institut de Sécurité Maritime Interrégional (ISMI), dont le siège se situe à Abidjan. Créé en 2015, l’ISMI accompagne les Etats de la région dans le « renforcement de capacités » décidé lors du sommet de Yaoundé en juin 2013, et joue un rôle de formation dans les domaines de la sécurité et sûreté maritimes, et de la protection du milieu marin.
Abidjan accueille également depuis un an le Centre Régional de Sécurité Maritime de l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO), principal organe mettant en œuvre la Stratégie Maritime Intégrée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette dernière, la SMIC, repose sur cinq objectifs majeurs : la gouvernance maritime ; la sûreté et de la sécurité du domaine maritime ; la gestion de l’environnement marin ; l’économie maritime de la CEDEAO ; et la sensibilisation et la recherche dans le domaine maritime.