Laurent Gbagbo, le président du PPA-CI, a rencontré des jeunes ivoiriens, samedi 1er avril 2023, au palais de la culture à Abidjan. Au cours de cette réunion, l’ex-pensionnaire de la CPI, acquitté par la juridiction internationale, a indiqué que la justice devrait désormais s’intéresser aux vrais coupables.
Plusieurs jeunes ont répondu à cette invitation pour écouter et faire connaître leurs préoccupations quant à la situation de la jeunesse ivoirienne. Lors de ces échanges, Laurent Gbagbo a également évoqué la justice qui, à son sens, n’a pas encore été rendue. « Ce qui s’est passé en 2010 et en 2011 est très grave. Et je pense que ces faits graves méritent un autre sort que celui qu’on lui a donné jusqu’à présent. On arrête quelqu’un, on le jette à la CPI. Maintenant, la CPI se rend compte que ce n’est pas la bonne personne qui est venue. La bonne personne est donc quelque part. Je souhaite que la Côte d’Ivoire cherche la vérité. (…) Tout est derrière moi. Je ne cherche pas la vérité comme un point focal de vengeance. Je ne souhaite pas que nous, les non coupables, nous-nous vengieons des responsables, mais je souhaite qu’on les voit et qu’on les connaisse. Donc il ne faut pas qu’ils craignent la vengeance. Il n’y aura pas de vengeance », a déclaré Laurent Gbagbo.
Jean-Yves Esso Assi, membre du bureau politique du PDCI-RDA, a exprimé son point de vue sur la question de la vérité et de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Sur la chaîne de télévision NCI, il a estimé que « quand on a passé 10 ans en prison pour quelque chose qu’on n’a, entre guillemets, pas fait, puisqu’on est sorti libre, quand on constate qu’il y a eu des morts, on se demande qui est coupable. Finalement, c’est une question légitime. La réconciliation ne pourra jamais se faire sans vérité. Ça fait mal, mais il faut qu’on se dise les vérités. » Sur le même plateau, Touré Mamadou, le ministre ivoirien de jeunesse et de l’emploi et 2ème porte-parole du RHDP, a soutenu que les autorités ivoiriennes ne sont pas opposées à la manifestation de la vérité. « La nécessité de justice, en rapport avec la réconciliation, est une position que nous partageons. Il faut laisser la justice faire son travail. Je me réjouis que Laurent Gbagbo nous rejoigne sur la nécessité d’une justice qui accompagne la réconciliation nationale. (…) Laurent Gbagbo a été libéré sur la base de 5 incidents. Il y a des incidents sur lesquels la CPI ne s’est pas prononcée. Laurent Gbagbo demande que, pour l’ensemble des incidents, la justice fasse son travail. Donc on attend. J’espère simplement qu’ils ne seront pas les premiers à crier au loup, quand la justice aura fait son travail en toute indépendance », a-t-il réagi.
« 11 ans après, où en sommes -nous avec la suite des enquêtes sur la Côte d’Ivoire ? » , interroge l’OIDH, qui considère que « la vraie réconciliation en Côte d’Ivoire passe par la vérité sur les faits qui ont émaillé l’histoire du pays sur les trois dernières décennies, des poursuites contre les principaux responsables des crimes, toutes tendances confondues afin d’éviter de favoriser la culture de l’impunité, et la répétition des crimes. »
Lundi 3 octobre 2022, date anniversaire de l’autorisation accordée en 2011 par de la CPI en vue d’ ouvrir une enquête sur les évènements de la crise politique de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme (OIDH) a envoyé un courrier à la cour pénale internationale pour demander au procureur de la CPI de faire le point sur l’état de ses enquêtes en Côte d’Ivoire. Les enquêtes ont débutées le 3 octobre 2011 et visent toutes les parties impliquées dans les crises ivoiriennes depuis 2002. « À ce jour, aucun résultat de ces enquêtes, aucune fumée blanche permettant d’espérer un jour réparation pour les victimes et vérité sur tous les crimes commis. La Côte d’Ivoire recherche la réconciliation depuis plusieurs décennies, et cela devrait passer par la justice. Les populations ivoiriennes et plus particulièrement les victimes des différentes crises sont en droit de se demander ce qu’il en est des poursuites annoncées dans le cadre de la procédure « Côte d’Ivoire II » supposée remonter jusqu’aux événements de 2002. Qu’est-ce ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire de 2002 à 2010 ? Quels sont les auteurs et les commanditaires de la tuerie des femmes à Abobo, des massacres de Petit-Duékoué et Guitrozon, d’Anonkoua Kouté etc. », écrit l’OIDH.
Karim Khan, le procureur de la CPI a répondu que les enquêtes se poursuivent concernant le cas la Côte d’Ivoire. Le 7 novembre 2022, la juridiction internationale a adressé une lettre à l’OIDH : « En réponse à votre lettre du 3 octobre 2022 par laquelle vous interpellez mon Bureau sur l’état de l’enquête relative aux crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale qui auraient été commis en Côte d’Ivoire entre 2010 et 2011, je voudrais vous renvoyer à mes différentes déclarations publiques et plus particulièrement au dernier rapport annuel sur les activités de la Cour du 12 août 2021 portant référence ICC-ASP/20/7. Il est en effet précisé dans ce rapport que mon bureau poursuit ses enquêtes dans la situation de la Côte d’Ivoire de façon indépendante et impartiale conformément à l’article 54 Statut de Rome et en respect aux exigences de confidentialité requise », a notifié Karim Khan KC.
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