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Paris - « Black Jesus » : le collectif Expression Libre brise un tabou - Tribune Ouest Paris - « Black Jesus » : le collectif Expression Libre brise un tabou - Tribune Ouest
Côte d'Ivoire et Afrique occidentale
Paris – « Black Jesus » : le collectif Expression Libre brise un tabou

Le projet « Black Jesus », une compilation de musique reggae, a été présenté samedi 18 mars 2023 à Noisy-le-Grand, en région parisienne. Réalisée à l’initiative de l’artiste Pablo U-Wa, cette œuvre a réuni une douzaine d’artistes qui se sont exprimés en toute liberté sur le thème proposé. Quatre autres productions, Kamito de Zeus Tébli, Merci de Stone,  Soleil Le Vent de Assaman Kany et Crucial Time de Pablo U-Wa, ont été également présentées.

« On trouve certains thèmes difficiles à débattre, mais j’ai voulu poser le problème pour susciter la réflexion sur la question », a expliqué Pablo U-Wa. En 2020, pendant la période de confinement due au coronavirus, l’artiste a élaboré le projet Black Jesus et a créé le collectif Expression Libre. « Le thème a été choisi spontanément et j’ai proposé à mes amis du collectif Expression Libre de s’exprimer à cœur ouvert », confie Pablo U-Wa.

Ainsi, Denise Sauron, auteure du titre « Yesu », estime que « Black Jesus » est un sujet intéressant, surtout dans les temps dans lesquels nous vivons. « J’ai été élevée catholique, j’ai cru en Jésus, mais maintenant, j’ai une autre vision de Jésus. Je ne crois absolument plus en ce Jésus blanc aux yeux bleus qui nous a été présenté. On nous dit que Jésus est amour. Mais il ne me ressemble pas. Quand on examine le passé, l’histoire du peuple blanc est faite de guerres, de tueries et de tortures. Les Occidentaux ont tué et décimé partout où ils sont passés, ils ont volé, ils ont violé et se sont approprié les connaissances des autres. On me dit que Dieu, Jésus, est amour. Comment peut-il alors ressembler à un peuple qui a commis autant d’atrocités ? Je me suis dit que ce n’est pas possible qu’il soit blanc. Étant donné que je connais l’histoire de mon peuple, il est forcément noir », soutient-t-elle.

« Quand j’ai entendu le thème du projet « Black Jesus », cela a fait un déclic en moi. Je ne savais pas ce que les autres avaient chanté. Je suis chrétien catholique. Pour moi, Jésus évoque le sauveur de l’Afrique. Dans la chanson « Mi Gnamien », chantée en baoulé, je dis en substance : « Mon Dieu, je me confie à toi. Je te demande de libérer l’Afrique », notifie Biguy Mel&J. 

Pour Lucky Hebert, « tout a commencé en Afrique ». « Depuis notre enfance, on nous a montré un Jésus blond aux yeux bleus. On nous a raconté une histoire toute faite et quand on consulte des sources autres que la Bible, on se rend compte qu’on nous ment depuis qu’on est petit. Il y a eu un mensonge à travers l’image de Jésus. Il faut connaître ses racines et savoir que l’Afrique étant le berceau de l’humanité, Dieu y est enraciné dès le départ », commente-t-il.

D’après Pablo U-wa, si on reconnaît l’existence de Jésus-Christ, cela implique nécessairement l’existence d’un deuxième dieu, car ses ancêtres désignaient Dieu par l’appellation « Lago ». « Dans ma langue (le Bhété), on appelle Dieu Lago, mais ce mot n’est pas écrit dans la Bible. Mes parents connaissaient donc Dieu avant l’introduction de la Bible en Afrique. Si aujourd’hui, beaucoup d’entre nous appellent Dieu Jésus et crient son nom partout, mais que cela ne nous aide pas à résoudre nos problèmes, peut-être sommes-nous sur la mauvaise voie. Le thème « Black Jesus » symbolise l’emprise de Jésus-Christ sur les Noirs, il évoque l’aliénation spirituelle des Noirs par le christianisme. Pour nous, Jésus-Christ n’a jamais existé », déclare-t-il.

Sergeï, qui a signé le titre « For you and for Us », a centré son discours sur la sensibilisation des jeunes aux ravages de la drogue. « Pablo et Stone m’ont expliqué le projet Black Jesus porté par le Collectif Expression Libre. Dans la même journée, j’ai pris un papier et un crayon pour écrire mon texte. J’ai séparé le thème. D’abord « Black », ensuite « Jesus ». Mais le mot « Noir » sonne mieux dans mes oreilles que le mot « Black ». Parce que dans ma jeunesse, le mot « Black » rimait avec « Crack ». Dans la première partie de la chanson, chantée en anglais, je me suis inspiré de Tupac Shakur qui déclarait, dans une interview, que s’il n’est pas capable de transformer l’eau en vin comme Jésus l’a fait, il a cependant le pouvoir de sensibiliser la jeunesse aux dégâts de la drogue. J’ai continué à sensibiliser dans cette chanson. Dans la deuxième partie, j’ai survolé le sujet en parlant de Jésus en tant que martyr, comme d’autres martyrs tels que Martin Luther King et Malcolm X, qui ont été assassinés. Je me suis plus intéressé au martyr Jésus-Christ, qui a été crucifié – pour ce que l’on nous a raconté-», argumente-t-il.

« Que ce soit Jésus ou Allah, on appelle Dieu de différentes manières, mais toutes ces croyances viennent du continent africain. Les Occidentaux eux-mêmes le reconnaissent car ils sont tous Africains», note Dan Bawakaz. Selon lui, « les Kamites doivent apprendre leur histoire car la vérité n’a pas toujours été dite.» «Ils nous ont assez menti. Ce thème m’a inspiré un texte que j’avais écrit depuis longtemps pour expliquer pourquoi je fais du reggae, Dreadman, c’est-à-dire celui qui inspire la peur, celui qui effraie », révèle-t-il.

De son côté, Pablo U-Wa considère qu’il est temps de se battre car la liberté s’arrache. « J’ai sollicité mes amis qui se sont joints à moi. Chose extraordinaire, nous avons tous parlé le même langage, alors que personne n’avait écouté les œuvres des autres. J’ai proposé une musique et un thème, et chacun a écrit librement ses paroles. Chacun s’est donc exprimé franchement. Finalement, nous nous sommes rendus compte que nous poursuivions tous le même objectif : la manifestation de la vérité. Car l’histoire de l’humanité est toujours falsifiée », a-t-il spécifié.

La question de la divinité de Jésus-Christ suscite la polémique depuis des lustres. Au sein de l’Église, le courant arianiste, qui contestait la déité de Jésus-Christ, a été combattu et réduit au silence. De nos jours, avec les avancées scientifiques réalisées, de plus en plus de spécialistes remettent en question la version de l’histoire de l’humanité telle que racontée par la Bible.

Le volume 2 de l’Histoire Générale de l’Afrique dit à ce sujet : « La religion peut être considérée comme l’une des contributions philosophiques de l’Égypte. Les anciens Égyptiens ont conçu de nombreuses théories sur la création de la vie, le rôle des puissances naturelles et le comportement de la communauté humaine à leur égard, ainsi que sur le monde des dieux et leur influence sur la pensée humaine, les aspects divins de la royauté, le rôle des prêtres dans la communauté, la croyance en l’éternité et en la vie dans l’au-delà.

Cette profonde expérience de la pensée abstraite a exercé sur la communauté égyptienne une influence qui a produit un effet durable sur le monde extérieur. L’influence religieuse égyptienne sur certains aspects de la religion gréco-romaine est particulièrement apparente pour l’historien, comme en témoigne la popularité de la déesse Isis et de son culte dans l’Antiquité classique. »

D’après Cheikh Anta Diop, les croyances africaines ont été une source d’inspiration pour les religions dites révélées. Dans ses ouvrages « L’antiquité africaine » et « Civilisation ou barbarie », il expose que la religion égyptienne a influencé les religions dites révélées. « Les religions monothéistes actuelles dérivent de la religion égyptienne, en particulier la figure du Christ qui est identifiable point par point à celle d’Osiris », fait savoir Cheikh Anta Diop.

Toujours selon le savant, l’histoire de Wosiré (Osiris) est la première à parler d’un être qui a fait le bien durant sa vie, a souffert, est mort et ressuscité, et dont on devait manger le corps et boire le sang. En outre, la religion d’Osiris est également la première à avoir introduit les notions de paradis et d’enfer.

Quant au philosophe Michel Onfray, il affirme que « l’existence de Jésus n’est aucunement avérée historiquement » car « aucun document contemporain de l’événement, aucune preuve archéologique, rien de certain ne permet de conclure » que ce « dieu » a existé.

AUTEUR: Axel Illary
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