Les Etats-Unis sont inquiets pour l’aviation civile, au regard de la présence de missiles déployés par le groupe Wagner sur le sol malien.
Le principal syndicat de pilotes d’Air France appelle ses membres à « exercer leur droit de retrait » pour ne plus voler vers Bamako. L’inquiétude sur l’impact que pourrait avoir l’existence d’un nouveau système de missiles sol-air russe au Mali mobilise les syndicats de la compagnie française qui assure des rotations quotidiennes. C’est l’agence américaine de l’aviation civile (FAA) sur son site Internet fin février qui alerte les observateurs.
Ainsi dés le 23 février, l’agence gouvernementale chargée de réguler l’aviation civile américaine avait mis en garde les compagnies aériennes enregistrées aux Etats-Unis contre le « risque potentiel » que représentait désormais l’espace aérien malien, en raison notamment de « l’introduction d’un système de défense aérienne avancé » au Mali par les mercenaires de Wagner.
La FAA précise dans ses communiqués que Wagner avait déployé au Mali, au printemps 2022, « plus de 1 000 militaires privés ainsi que diverses capacités d’armement, telles que des systèmes d’aéronefs sans pilote (UAS) [acronyme utilisé pour désigner des drones] et des systèmes de défense aérienne plus sophistiqués ».
L’instance régulatrice américaine a notamment évoqué la présence à Bamako d’un « système de missiles sol-air guidé par radar, capable d’attaquer des cibles jusqu’à 15 000 mètres avec une portée de 36 kilomètres » et ainsi invité les compagnies américaines à « faire preuve de prudence » « à toutes les altitudes y compris lors du survol de l’espace aérien, des phases d’atterrissage et de décollage et à l’aéroport, au sol ».
La compagnie Air France, ne semble pas s’inquiéter outre mesure puisque « à ce stade, la desserte de Bamako est inchangée ». A Bamako, les diplomates européens se montrent prudents. Ainsi ce nouvel équipement de défense aérien aurait été acquis par la junte malienne auprès de ses nouveaux alliés russes « il y a quelques mois » et n’aurait pas servi depuis. « Les colonels l’ont surtout déployé pour montrer les muscles et symboliser leur prétendue puissance militaire retrouvée, pas pour taper des avions civils, ce serait un suicide. Ils savent que ça les exposerait à des représailles » précise un diplomate.
Au Mali, plusieurs sources diplomatiques et sécuritaires se sont interrogées sur les motifs réels ayant poussé les Etats-Unis à communiquer sur ces systèmes de missiles de Wagner au Mali. « S’ils étaient vraiment inquiets pour leurs compagnies américaines, ils leur auraient directement interdit l’espace aérien malien », remarque le responsable de sécurité d’une ONG occidentale.