Après le tsunami sanitaire – qui a largement impacté l’année 2020, et à un degré moindre le cru 2021 – le Cap-Vert retrouve des couleurs en 2022 avec une croissance qui devrait osciller entre 10 et 15%. Et cela, alors que le conflit ukrainien – qui influe lourdement sur l’inflation et la crise énergétique mondiales – touche également l’archipel.
« L’économie va croître cette année, avec une forte probabilité au-dessus de 10%. Nos dernières prévisions pointent finalement entre 10 et 15%, mais le plus sûr est de rester à 12% », a annoncé fin décembre Olavo Correia, le Premier ministre cap-verdien.
Cette annonce corrobore ainsi les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique (INE) confirmant une croissance de 16,8% au premier trimestre, de 17,7% au deuxième trimestre et de 17% au troisième trimestre.
Le retour des touristes post pandémie Covid-19 n’est en effet pas étranger à ce sérieux rebond de l’économie domestique, eux qui pèsent pas moins de 25% du PIB national. Toutefois, il est important de noter que cette étincelle pourrait être encore largement supérieure si le conflit ukrainien n’était pas entré dans la danse, il y a plus d’un an, avec son lot de désagréments (inflation et crise énergétique entre autres).
Une inflation galopante et un législateur muet
Sans surprise, la population cap-verdienne demeure en première ligne dans ces dossiers épineux et souffre particulièrement d’une inflation galopante. Si le gouvernement reste quelque peu épargné par ce courroux en raison de son absence de contrôle sur les marchés internationaux, les commerçants locaux sont eux aux centres des débats. Les habitants les suspectent en effet de spéculer sur les prix et de surfer sur la crise ukrainienne qui a redistribué les cartes sur les cours des matières premières alimentaires mais aussi énergétiques.
Le législateur est ainsi invité à légiférer d’urgence par les citoyens puisque qu’aucune loi digne de ce nom encadre actuellement les prix ou procède à un contrôle efficient évitant les abus. Parallèlement, une réforme de l’Etat suggère une augmentation du Smic atteignant presque 200 dollars dans le privé et dans le public. Mais pour y arriver, les décideurs politiques attendent néanmoins la participation active des entreprises privées.