Réagissant à une lettre adressée à la cour pénale internationale par l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme (OIDH), Karim Khan KC, le Procureur de la CPI, a fait savoir que les enquêtes se poursuivent concernant la situation en Côte d’Ivoire.
Environ 3 ans après l’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé par la Cour Pénale internationale, l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme a demandé à la CPI de faire le point sur l’état de ses enquêtes en Côte d’Ivoire. De fait, l’OIDH souhaite que la lumière soit faite le plus rapidement possible, car « plus globalement, des zones d’ombre demeurent. »
L’organisation souligne que l’ouverture de la deuxième séquence d’enquête sur la Côte d’Ivoire, intitulée Côte d’Ivoire II, a été annoncée à grands renforts de publicité par la CPI. Elle déplore toutefois qu’il n’y a, « à ce jour, aucun résultat de ces enquêtes, aucune fumée blanche permettant d’espérer un jour réparation pour les victimes et vérité sur tous les crimes commis (…) » En effet, « la Côte d’Ivoire recherche la réconciliation depuis plusieurs décennies, et cela devrait passer par la justice », poursuit l’OIDH, qui considère que « les populations ivoiriennes et plus particulièrement les victimes des différentes crises sont en droit de se demander ce qu’il en est des poursuites annoncées dans le cadre de la procédure « Côte d’Ivoire II » supposée remonter jusqu’aux événements de 2002. » Parce que des préoccupations subsistent : « Qu’est-ce ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire de 2002 à 2010 ? Quels sont les auteurs et les commanditaires de la tuerie des femmes à Abobo, des massacres de Petit-Duékoué et Guitrozon, d’Anonkoua Kouté etc. » À en croire l’organisation, « Il n’est pas souhaitable que se reproduise le scénario du procès conjoint de Messieurs Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, c’est à dire un acquittement imputable au Bureau du Procureur, et partant, l’absence de réparations pour les victimes. » Aussi, l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme estime que « le temps qui s’écoule (..) éloigne de plus en plus des évènements de 2002, réduisant ainsi les chances d’enquêtes fiables et celles de trouver des victimes en grand nombre ». Et « cette lenteur dans l’ouverture de la procédure ne profite ni aux victimes ni à leurs ayants droit.»
De son côté, la CPI a annoncé qu’elle continue à mener ses investigations en Côte d’Ivoire. Dans un courrier daté du 7 novembre 2022, la juridiction internationale mentionne : « En réponse à votre lettre du 3 octobre 2022 par laquelle vous interpellez mon Bureau sur l’état de l’enquête relative aux crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale qui auraient été commis en Côte d’Ivoire entre 2010 et 2011, je voudrais vous renvoyer à mes différentes déclarations publiques et plus particulièrement au dernier rapport annuel sur les activités de la Cour du 12 août 2021 portant référence ICC-ASP/20/7 . » Le Procureur de la CPI a notifié que la cour s’intéresse toujours à la Côte d’Ivoire. « Il est en effet précisé dans ce rapport que mon bureau poursuit ses enquêtes dans la situation de la Côte d’Ivoire de façon indépendante et impartiale conformément à l’article 54 Statut de Rome et en respect aux exigences de confidentialité requise », a signifié Karim Khan KC.