C’est dimanche qu’ont lieu les élections en Guinée équatoriales et celles-ci laissent présager une nouvelle réélection de l’actuel président, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
A 80 ans, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo au pouvoir depuis 1979, brigue un sixième mandat. Depuis 1979, l’homme fort du pays a obtenu des scores oscillants entre 93,7 % et 99 % des suffrages. Fort d’une coalition regroupant quatorze formations politiques, son Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) détient 99 des 100 sièges à l’Assemblée nationale et tous les sièges du Sénat.
Deux candidats se présentent face au président sortant. Sous l’étiquette Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), Andrés Esono Ondo se présente pour la première fois. L’autre candidat est Buenaventura Monsuy Asumu, du Parti de la coalition sociale-démocrate (PCSD), une formation liée au PDGE dans les scrutins législatifs et municipaux.
428 000 électeurs, sur 1,4 million d’habitants, doivent se rendre aux urnes pour choisir le prochain président, les députés, sénateurs et maires. L’élection présidentielle était prévue en avril 2023, et a été associée aux autres, afin d’éviter des dépenses supplémentaires dans un contexte économique déjà fragile. La rente pétrolière déclinante, le PIB par habitant est passé de 21 711 dollars en 2012 à 8 462 en 2021.
La candidature de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo au sein du PDGE s’atait fait attendre, compte-tenu de l’âge et de l’état de santé de celui-ci. En novembre 2021, le parti-Etat, réuni en congrès, n’avait désigné personne pour lui succéder. Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorin », avait été pressenti. Déjà vice-président et ministre de la défense, le fils aîné du président, âgé de 53 ans, a le soutien du premier ministre, Francisco Pascual Obama Asue, du secrétaire général du PDGE, Jeronimo Osa Osa Ecoro, des services secrets et de l’armée.
Cependant Teodorin a une mauvaise réputation sur la scène internationale. Vivant comme un jet-setteur, s’affichant sur les réseaux sociaux au volant de voitures de luxe avec des starlettes. Ce style de vie apparaît dissonant dans un pays où près de 80 % de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour.
Teodorin a été condamné en France en 2020 à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amende et la confiscation de tous ses biens, saisis pour « blanchiment d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics et abus de confiance » entre 1997 et 2011. Aux Etats-Unis, il a dû renoncer à 26 millions de dollars d’avoirs pour mettre un terme à des poursuites pour corruption. Et au Royaume-Uni, il est interdit de séjour depuis 2021.
Le demi-frère de Teodorin, Gabriel Mbega Obiang Lima, est quant à lui doté d’une meilleure réputation. Sérieux, formé aux Etats-Unis, Gabriel Mbega Obiang Lima est depuis dix ans ministre des mines et des hydrocarbures. « Gabriel incarne tout ce que les Occidentaux apprécient et les Etats-Unis sont le premier investisseur pétrolier du pays, explique Benjamin Augé, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Mais les origines santoméennes de sa mère, Celestina Lima, la seconde épouse du président, ne jouent pas en sa faveur dans un clan où c’est la règle dynastique qui doit primer. »