Le Sénégal et la RDC montrent des volontés de développement sur les secteurs pétrolier et gazier, sur fond d’espoir d’enrichissement et d’industrialisation.
Le Sénégal et la République démocratique du Congo (RDC) ont tout récemment découvert des ressources pétrolières et gazières sur leurs territoires. En dépit de la pression des pays occidentaux et l’arrêt par ces derniers du financement des projets d’exploitation des énergies fossiles à l’étranger au nom de la lutte contre le réchauffement climatique ; ces deux pays confirment leurs souhaits d’exploiter ces ressources et ce pour le bien de leurs pays.
Le président sénégalais Macky Sall a pris la parole pour dénoncer « une injustice » et déploie une diplomatie active pour justifier le début de l’exploitation à partir de 2023. « N’étant pas les plus grands pollueurs puisque n’étant pas industrialisés, il serait injuste dans la recherche de solution [au réchauffement] qu’on veuille interdire à l’Afrique d’utiliser les ressources naturelles qui sont dans son sous-sol » a assené Macky Sall au chancelier allemand Olaf Scholz lors d’une visite de celui-ci en mai.
Le message est certainement dorénavant compris par les Européens car ceux-ci sont frappés par la crise énergétique et cherchent à diversifier leurs approvisionnements depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
François Gemenne, l’un des rapporteurs du Groupe d’experts intergouvernemental s’est également exprimé sur l’évolution du climat (GIEC), « il est très difficile quand vous êtes pauvre de renoncer à un trésor, il faut donc proposer quelque chose de plus intéressant en face ». « Tout l’enjeu est que ces pays puissent choisir et fassent le choix d’une économie décarbonée, estime-t-il. Et cela passe par le transfert de technologie et l’investissement dans le renouvelable, encore largement insuffisants. »
En attendant les » alternatives », les pays producteurs de pétrole persistent. Le gouvernement de la RDC, défend également son droit à exploiter son pétrole et son gaz.
Le premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde a rappelé que certains pays européens étaient « retournés à l’usage des sources d’énergies polluantes qu’ils avaient préalablement bannies », comme le charbon. Il faut éviter de « tomber dans l’arbitraire, avec certains États libres de poursuivre, voire d’augmenter leurs émissions, et d’autres empêchés d’exploiter leurs ressources naturelles », a ainsi déclaré Jean-Michel Sama Lukonde.
« C’est paradoxalement l’argent du pétrole perçu comme de l’argent sale qui nous permettra d’avoir suffisamment de moyens, de nous réapproprier notre souveraineté environnementale et de réduire nos émissions venant de la déforestation » explique à son tour, Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la RDC aux conférences climat des Nations unies.
Au Sénégal, les champs pétroliers et gaziers représentent respectivement 0,07 % et 0,5 % des réserves mondiales, et « elles sont assez importantes à l’échelle de notre pays pour changer radicalement son économie, son tissu industriel et donc ses perspectives, a expliqué la ministre du pétrole Sophie Gladima.
« Le simple fait d’exploiter nos hydrocarbures va nous permettre non seulement d’accélérer l’accès universel à l’électricité, mais également et surtout baisser le coût des facteurs de production pour favoriser l’industrialisation du pays » précise Sophie Gladima.Elle invoque aussi les opportunités de création d’emplois.