La numérisation des données et l’application mobile mHealth donnent un nouvel élan permettant à la prise en charge et le suivi des patients ; dans le cadre de la sensibilisation au VIH, la lutte contre le paludisme et les maladies infantiles
Alizeta Congo est depuis six ans agent de santé à base communautaire (ASBC). Elle prend soin des nouveau-nés, des enfants suit les mères de son village. « Il arrive qu’elles viennent me chercher dans les champs ou me réveillent la nuit, je dois être tout le temps disponible » confie Alizeta Congo.
Les autorités de santé misent sur le recrutement d’auxiliaires pour pallier le manque d’effectifs et améliorer l’accès aux soins dans les villages les plus reculés. Le Burkina Faso, en partenariat avec l’Unicef et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a développé une application mobile de numérisation des données, baptisée « mHealth ». L’objectif est d’améliorer la prise en charge et le suivi des patients, ainsi que le contrôle des stocks de médicaments sur place. En l’absence d’un nombre suffisant de médecins, Les auxiliaires et le digital font équipe et fon front face aux enjeux de santé publique du pays.
Aussi, tous les jours, Alizeta Congo après le petit déjeuner de ses trois enfants, la jeune femme installe sa table de consultation devant sa maison et jongle avec un emploi du temps chargé. Elle est à la fois auxiliaire de santé et cultivatrice. « Je suis heureuse d’aider ma communauté » précise cette cultivatrice. Et les attentes sont nombreuses dans un pays dont le taux de mortalité infantile reste élevé, estimé à 82 décès pour 1 000 naissances.
Le paludisme, les infections respiratoires et la diarrhée sont les trois maladies les plus meurtrières chez les enfants de moins de 5 ans.
La stratégie nationale de santé votée en 2018, implique le recrutement de quelques 17 000 auxiliaires, dans les villages d’un pays qui compte 21 millions d’habitants. Les auxiliaires dépistent et traitent les cas simples de maladie infantile et transfèrent les pathologies plus graves au centre de santé le plus proche.
Alizeta est aidée dans sa tâche est aidée par la technologie. Elle a avec elle, une boîte à pharmacie et son téléphone portable. A chaque visite, elle crée un dossier dans l’application mHealth et remplit un questionnaire. « L’enfant a-t-il le corps chaud ? Arrive-t-il à boire ou à téter ? », lit-elle sur son écran. Une fois le formulaire complété, le programme pose le diagnostic et indique le traitement à prescrire.
« Paludisme simple, un comprimé matin et soir pendant trois jours », indique la plate-forme, dans un message illustré de dessins explicatifs de petits soleils et de lunes. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sont quant à eux pris en charge sans frais, dans le cadre de la politique de gratuité des soins, instaurée depuis 2016 au Burkina Faso. mHealth indique également le stock de médicaments disponibles dans son village.
L’application fonctionne hors connexion, transfère ensuite par SMS les données collectées sur un serveur sécurisé, accessible aux équipes du centre de santé de la commune, au district sanitaire, à la direction régionale et au niveau central. Depuis 2022, cinquante agents de santé ont été ainsi équipés d’un téléphone et utilisent l’application mHealth.
D’ici à 2023, sept régions seront pourvues du système mHealth, soit environ 7 500 agents de santé. L’objectif à terme est de couvrir l’ensemble des villages, situés à plus de 5 kilomètres d’un établissement sanitaire.