La mode africaine est exposée au Victoria and Albert Museum qui présente les créations de stylistes du milieu du XXᵉ siècle et des marques contemporaines.
Le 2 juillet s’ouvre au Victoria and Albert Museum à Londres, une première grande exposition consacrée à la mode africaine. L’exposition célèbre la créativité, la magie et l’émotion des stylistes du continent africain. « Nous voulions célébrer l’incroyable scène de la mode africaine aujourd’hui déclare Elisabeth Murray, conceptrice de l’événement. « Évidemment, c’est impossible de résumer un continent de la mode, donc le but de l’exposition est vraiment de donner un aperçu du glamour et de la politique de la scène de la mode. »
Le V&A Museum est tout entier consacré à l’art et au design. La conservatrice Christine Checinska fait néanmoins remarquer que « la créativité africaine a été grandement exclue ou mal représentée en raison de la division historique entre les musées d’art et d’ethnographie qui résulte de nos racines coloniales et de principes racistes ancrés ». Les mouvements antiracistes ont amené depuis quelques années, le Royaume-Uni à réfléchir sur son passé colonial.
« Africa Fashion » est donc la plus grande exposition dédiée à la mode africaine au Royaume-Uni. Elle s’ouvre avec l’ère de l’indépendance, années de libération et de grande transformation politique, sociale et culturelle, quand s’habiller peut s’apparenter à un acte politique.
Sont présentés la grande diversité des tissus produits en terres africaines ; aso oke, ankara, bogolan… C’est le sculpteur El Anatsui qui témoigne à sa manière, du caractère essentiel du tissu en Afrique : « Le tissu est à l’Africain ce que les monuments sont aux Occidentaux. » Des étoffes sont réinventées à l’instar de l’adire, un tissu teint à l’indigo, traditionnellement produit dans le sud-ouest du Nigeria et aujourd’hui diffusé par des marques telles que Maki Oh, Lagos Space Programme et Orange Culture.
Se côtoient les créations de stylistes du milieu du XXe siècle, dont le Nigérien Alphadi, le Malien Chris Seydou ou la Nigériane Shade Thomas-Fahm, et les créateurs contemporains comme la Nigériane Bubu Ogisi, qui utilise les tissus et techniques issues du continent.
Ce qui rassemble ces différents créateurs est une sorte de « lien qui relie tout cela, la passion de la culture » précise le styliste Artsi Ifrach. « L’idée est de provoquer les souvenirs des gens, de leur faire ressentir quelque chose ».