Les dirigeants africains défendent leur neutralité, car dépendant à la fois de la Russie et de l’Ukraine pour les céréales.
L’Union africaine a longtemps tenu bon, repoussant les échanges et contacts avec le président Zelensky. C’est le 20 juin que Zelensky, s’est adressé en visioconférence, à huis clos, aux membres de l’UA.
Les relations sont difficiles entre Volodymyr Zelensky et les dirigeants du continent. Ces derniers tentant justement de ne pas avoir de relations directes avec le président ukrainien. Zelenskyd tente de mobiliser l’Afrique derrière son pays dans la guerre avec la Russie, alors que les dirigeants africains tentent de maintenir une position neutre, dont les contours sont flous.
Volodymyr Zelensky s’est exprimé très ouvertement sur la situation et ce qu’il considère être comme la responsabilité de la Russie dans la crise alimentaire subie par le continent. « L’Afrique est l’otage de ceux qui ont commencé la guerre contre notre État » a déclaré le dirigeant ukrainien.
Volodymyr Zelensky a annoncé la nomination prochaine d’un envoyé spécial pour l’Afrique. Il a également proposé l’organisation d’une « grande conférence politique et économique Ukraine-Afrique ».
L’allocution de Volodomyr Zelensky a peu motivé ses homologues africains. Seuls quatre chefs d’Etat seulement l’ont suivi en direct. Dans le même temps, sept autres présidents se réunissaient à Nairobi, pour évoquer la sécurité dans la région des Grands Lacs.
On se souvient également que début juin, le président de l’UA et président du Sénégal, Macky Sall, et le président de la commission de l’UA, Moussa Faki, s’étaient rendus à Sotchi pour rencontrer Vladimir Poutine.
Lors d’une récente visite à Paris, M. Sall s’est exprimé sans ambages. « Nous ne sommes pas vraiment dans le débat de qui a tort, qui a raison. Nous voulons simplement avoir accès aux céréales et aux fertilisants »
La moitié des pays africains dépendent des importations de blé de Russie et d’Ukraine. Quatorze d’entre eux reçoivent des deux pays plus de la moitié de leur blé.
Le président de l’UA demande cependant à l’Ukraine le déminage du port stratégique d’Odessa pour permettre le chargement des cargos de marchandises. « A propos d’Odessa, Macky Sall fait preuve d’une vraie fausse naïveté, estime Paul-Simon Handy, chercheur à l’Institute for Security Studies. Il prend pour argent comptant ce que dit Vladimir Poutine. »
Kiev n’est pas en phase avec cette solution. Et Volodymyr Zelensky a présenté la solution du fret, rappelant que « la crise [alimentaire] a commencé le 24 février, lorsque la flotte russe a bloqué les ports ukrainiens ». « Aucun véritable outil n’a encore été trouvé pour s’assurer que la Russie n’attaque pas [les ports] à nouveau », a-t-il précisé.
Bref, les dirigeants africains, jouent la carte la neutralité tels des funambules tentant d’éviter les écueils.