Selon Geneviève Begkoyian, responsable santé à l’Unicef en République démocratique du Congo, on assiste à une véritable « catastrophe » en Afrique en matière de couverture vaccinale. En cause, la pandémie de Covid-19.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Unicef se sont exprimés sur les effets de la pandémie de Covid-19 en Afrique. Les dommages collatéraux sont nombreux. On assiste ainsi à la survenue de « flambées épidémiques majeures » de rougeole, de fièvre jaune et d’un variant de poliomyélite dans au moins vingt pays africains dans les trois premiers mois de 2022.
Ainsi entre janvier et mars, l’Afrique connaît une augmentation de 400 % de cas de rougeole. La Somalie, le Nigeria, l’Éthiopie et la République démocratique du Congo (RDC) sont les pays les plus fragilisés. La crainte est grande tant la contagiosité est plus importante que la contagiosité du Covid-19. En 2019, seuls six pays avaient atteint la couverture vaccinale de 95 % de leur population. Et en 2020, l’OMS avait observé des retards de primo-vaccination contre la rougeole de 22 millions de nouveau-nés.
Geneviève Begkoyian, responsable santé de l’Unicef pour la RDC, déclare que les deux ans de pandémie ont « absorbé énormément d’énergie et de financement ». Ce qui a joué en défaveur de maladies qui pouvaient être évitées par la vaccination.
Mais aujourd’hui, la méfiance est telle que la vaccination contre les maladies infantiles est telle que la vaccination recule dans son ensemble. Et associer la vaccination contre le Covid aux autres campagnes de vaccination comme le recommande l’OMS ne paraît pas être la bonne stratégie.
Geneviève Begkoyian précise : « mon grand souci en tant que cheffe de santé de l’Unicef pour un pays comme la RDC, où des millions de femmes enceintes sont à suivre correctement et où des millions d’enfants naissent, je passe 90 % de mon temps sur le Covid. Il y a une pression internationale considérable. On est submergé par la peur du Covid et on en a oublié les grandes maladies qui tuent en silence. Cela absorbe une trop grande partie de notre temps, énormément d’énergie et de financement qui ne sont pas mobilisables pour les autres maladies. ». Ce témoignage éclairant la situation en RDC, est lisible dans la plupart des autres pays d’Afrique.
Une énergie déployée à grande échelle contre le Covid mais simultanément une fragilisation sur les campagnes de vaccination des maladies « maîtrisées » ; inquiètent les pouvoirs sanitaires des pays africains.