La grande majorité des pays d’Afrique est dans l’incapacité de distribuer les millions de doses reçues. Seuls 16 % des Africains sont vaccinés.
Après la pénurie, la surabondance, pose problème aux pays africains dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Les dons promis par les pays riches dans le cadre d’accords bilatéraux, et les livraisons assurées à travers le mécanisme de solidarité internationale Covax affluent mais la logistique fait défaut. En effet le manque de moyens logistiques pour distribuer les doses de vaccin contrarie le traitement de la pandémie. L’absence de volontaires parmi des populations pose aussi problème. En effet en Afrique les populations sont toujours peu convaincues de la nécessité de se faire vacciner.
Après le Nigeria, et le Malawi notamment, le Kenya vient d’être contraint de détruire 840 000 doses d’AstraZeneca reçues de Covax. « Nous devons davantage nous coordonner, et il faut aider les pays à accroître leurs capacités de transport, de stockage, et former leur personnel soignant », a déclaré John Nkengasong, directeur des Centres de prévention et de contrôle des maladies de l’Union africaine (CDC Afrique).
Les pays ont obtenu des facilités de prêt pour pouvoir s’approvisionner. Mais la disponibilité de vaccins gratuits en grande quantité les fait aujourd’hui hésiter à s’endetter. « Trente-cinq millions de doses attendent que les pays commanditaires viennent en prendre livraison », a précisé John Nkengasong en appelant au « respect des engagements ».
L’objectif d’immuniser 70 % de la population africaine d’ici à la fin 2022 est mis à mal. Seuls 16 % bénéficient d’une vaccination complète, avec des disparités à travers le continent. Ainsi, une dizaine de pays est parvenue à couvrir plus de la moitié de leur population. Au Rwanda, Maroc, Maurice, Seychelles, le taux de vaccination varie entre 60 % et 85 %. Mais les pays les plus peuplés comme l’Éthiopie, le Nigeria et la République démocratique du Congo (RDC) sont fragiles sur le sujet. En effet, l’ONU a identifié 34 pays au niveau mondial pour lesquels la cible des 70 % est hors de portée. Parmi ces 34 pays, 28 sont africains.
L’émissaire des Nations unies Ted Chaiban plaide pour un changement d’approche. « C’est aux gouvernements de nous dire de quoi ils ont besoin et quand. Nous devons inverser l’ordre des choses : jusqu’à présent, les pays ont reçu ce que nous avions décidé de leur donner. Il nous faudra aussi nous montrer plus créatifs pour convaincre les populations de se protéger » a- t- il déclaré lors d’une visite en RDC.
Selon Ted Chaiban c’est l’Église catholique, qui gère 40 % des centres de santé de base qui peut un jouer rôle fondamental. Le frein dans la spirale de contamination n’incite pas non les populations à se faire vacciner. Le 20 avril, le bilan de l’épidémie s’établissait à 11,3 millions de cas et 251 750 décès, selon les chiffres officiels de CDC Afrique.
Cependant le bureau africain de l’Organisation mondiale de la santé considère que les statistiques officielles ne représentent qu’une infime partie de « l’étendue réelle des infections au coronavirus ». Ainsi plus des deux tiers des Africains auraient en effet contracté le Covid-19 au cours des deux dernières années, selon la synthèse de plus de 150 études de séroprévalence publiée par l’OMS début avril. Les populations demeurent asymptomatiques pour la grande majorité d’entre elles. La raison identifiée est la jeunesse de la population.