Depuis le 13 mars, les populations sénégalaises du nord de la Casamance fuient et traversent la frontière pour se rendre en Gambie.
La décision du gouvernement d’agir afin de « démanteler les bases de la faction Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) de Salif Sadio » et « préserver l’intégrité du territoire national » met à mal la région. L’opération militaire d’envergure doit venir mettre un terme à l’un des plus anciens conflits que l’Afrique connaît. En effet depuis quarante ans des rebelles indépendantistes défient l’État sénégalais.
Pourtant depuis 2012, la zone géographique était relativement calme. En 2012, l’un des chefs des rebelles, Salif Sadio, avait déclaré un cessez-le-feu unilatéral. Pourtant depuis peu la Gambie voisine avait fait état de problèmes et l’Agence nationale gambienne de gestion des catastrophes (NDMA) a recensé en une semaine 6 350 personnes fuyant les violences. Les réfugiés sont accueillis par les villageois des communes proches.
Cette opération militaire est décisive dans le conflit opposant l’État sénégalais aux rebelles de Casamance. En effet, « dans la mesure où Salif Sadio représente l’élément le plus radical et le plus déterminé de la rébellion » et considérant que celui-ci est très affaibli politiquement ; en raison de la désaffection des soutiens gambiens et guinéens.
Selon Jean-Claude Marut, chercheur au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM) et spécialiste de du conflit Sénégal-Casamance, « depuis le départ du président gambien Yahya Jammeh en 2017, qui était un protecteur de Salif Sadio, les positions du MFDC étaient encerclées et privées de bases arrière et d’approvisionnement en armes. L’armée sénégalaise était prête. Cet accrochage lui a fourni une occasion de lancer une opération ». En fait d’accrochage, des affrontements meurtriers avaient fait des quatre victimes ; quatre soldats sénégalais membres de la mission militaire ouest-africaine Ecomig en Gambie. « Il fallait s’attendre à une réaction de l’armée sénégalaise » précise Jean-Claude Marut.
Le chercheur considère que l’issue de ces affrontements entre « quelques centaines de combattants du côté de Salif Sadio » et l’armée sénégalaise comptant « autour de 5 000 hommes bien armés, équipés et entraînés » impactera la suite et la nature du conflit