Reporters sans frontières (RSF) a demandé l’arrêt de poursuites engagées à l’encontre de trois journalistes qui enquêtaient sur une affaire de meurtre datant de 2014 et qui impliquerait l’actuel ministre de l’Intérieur Cap-verdien.
Le 1er mars 2022, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a déclaré dans un article les poursuites cap-verdiennes engagées contre trois journalistes et leurs journaux respectifs.
Herminio Silves, Daniel Almeida et Alexandre Semedo risquent en effet jusqu’à deux ans de prison pour avoir publié des articles sur une affaire de meurtre impliquant Paul Rocha, l’actuel ministre de l’Intérieur au Cap-Vert. L’affaire criminelle remonte à 2014 quand M. Rocha était encore directeur adjoint de la police judiciaire.
« Les autorités cap-verdiennes ont ouvert des enquêtes sur les trois journalistes et leurs médias, estimant qu’ils avaient divulgué des informations jugées confidentielles sur l’affaire. », a précisé le média RSF. Selon le communiqué, les trois journalistes « sont actuellement considérés comme « arguidos », un statut intermédiaire entre celui de témoin assisté et celui de mis en examen qui peut entraîner une arrestation ». L’article révèle ensuite que « depuis, les journalistes ont interdiction de se prononcer sur l’affaire et restent dans le viseur des autorités ».
«Inédit et inquiétant »
D’après le communiqué, Sadibou Marong, le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF : « dans un pays comme le Cap-vert, d’ordinaire relativement épargné en matière d’atteintes à la liberté de la presse, le fait que des journalistes risquent d’être arrêtes et détenus pour leurs articles est inédit et très inquiétant ».
Selon RSF, les journalistes craignent d’avoir été « mis sur écoute et sont obligés d’avertir les autorités locales qu’ils quittent leur lieu de résidence pendant plus de cinq jours ou s’ils changent de numéro de téléphone ».
L’avocat d’Herminio Silves, Silvino Fernandes, a déploré la situation : « c’est la première fois qu’une accusation portée à l’encontre de journalistes est soutenue par le ministère public lui-même ».
Le Cap-Vert est classé 27e sur 180 dans le dernier Classement mondial de la liberté de la presse, publié par reporters sans frontières en 2021.
Aucune date n’a pour le moment été définie pour le procès des journalistes et les conclusions des enquêtes devraient être rendues au cours de ce mois de mars 2022.