Le Mali vit depuis un mois sous l’embargo décidé par la Cedeao. Comment le pays vit-il des mesures aux lourds impacts alors que la junte désormais au pouvoir cherche à en limiter les effets.
Il y a déjà un mois, le 9 janvier, que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine ( UEMOA) ont pris la décision de sanctionner la junte au pouvoir qui a décidé de prolonger la transition et de reporter les élections rendant le pouvoir aux civils. L’objectif de la Cedeao et l’UEMOA est clair : obliger les autorités de transition à soumettre un calendrier cohérent de retour des civils au pouvoir
Désormais les échanges commerciaux et financiers sont suspendus. Seuls les produits de première nécessité font l’objet de transactions. Le Mali importe 70 % des denrées consommées quotidiennement par ses habitants. Or, les échanges avec les voisins que sont le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont restreints, alors que plus de 20 % des importations maliennes proviennent du Sénégal et 80 % du fret transite par Dakar. Les trois pays frontaliers ayant toujours les frontières ouvertes sont la Mauritanie, l’Algérie et la Guinée.
Les conséquences de l’embargo n’ont pas attendu pour se faire sentir. Constat est fait d’un fort impact dans le domaine des transports. Des commandes en cours d’acheminement sont bloquées, notamment sur l’axe Dakar-Bamako, l’un des axes majeurs d’approvisionnement du Mali.
Très vite également sur le plan financier le Mali s’est retrouvé en difficultés ; dans l’incapacité d’honorer des remboursements d’emprunts de plus de 30 millions de dollars (empruntés sur le marché ouest-africain). Le ministre de l’Économie et des Finances Alousséni Sanou s’est voulu rassurant. Selon lui, le Mali « a toujours honoré ses engagements sur le marché financier (et) tient à rassurer les investisseurs de sa volonté et de sa capacité à faire face à ses engagements ». Et ce même si « à cause des restrictions et malgré des avoirs suffisants du Trésor public du Mali dans ses livres, la Banque centrale (des États de l’Afrique de l’Ouest, BCEAO) n’a pas procédé au règlement de l’échéance du 28 janvier 2022 » a précisé Alousséni Sanou.
Choguel Kokalla Maïga, chef du gouvernement installé par les militaires, dénonçait le 7 février, les sanctions comme étant des « mesures injustes et sauvages dont l’objectif est d’asphyxier le Mali » et de renverser le régime, « pour le compte de qui l’on sait ». « Qui l’on sait » étant une référence à la France qui fait l’objet de critiques constantes de la part de la junte au pouvoir.
Pour le moment le gouvernement réagit en tentant de maîtriser les prix. Les autorités ont plafonné les prix des produits subventionnés. « Les stocks de denrées de première nécessité sont suffisants, largement suffisants » confirme le ministre du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed.
D’un point de vue diplomatique, un « groupe de dialogue » a été créé et s’est déjà réuni fin janvier au niveau ministériel. Ce groupe de dialogue a pour ambition « un rapprochement de positions et la recherche de compromis ». Sont participants à ce groupe de dialogue, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’Union africaine, des Nations unies et certains pays, dont le Ghana le Sénégal, la Mauritanie. Il s’agit d’identifier un « compromis » sur les échéances pour un retour des civils au pouvoir.