La confusion régnait dans le pays depuis lundi matin. L’Union européenne et les Etats-Unis demandent la libération du président de la République, dont le sort est incertain.
Des militaires ont annoncé le lundi 24 janvier à la télévision nationale avoir pris le pouvoir au Burkina Faso. Et ce après un week-end de mutinerie de militaires. La rumeur courait dès lundi matin.
Des sources sécuritaires affirmaient lundi matin que le chef de l’État, Roch Marc Christian Kaboré, avait été arrêté par les soldats qui avaient mené la mutinerie la veille. En fin d’après-midi, le parti du président du Burkina Faso, Roch Marc Kaboré a dénoncé une « tentative avortée d’assassinat » du chef de l’État. Il déclare également que le Burkina « s’acheminait d’heure en heure vers un coup de force militaire ». Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) dénonçait également dans un communiqué « le saccage du domicile privé du chef de l’État » et « la tentative d’assassinat d’un ministre ».
L’Union européenne a rapidement réagi et appelé à la libération « immédiate » du président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré. « Dans ce moment d’incertitude, l’Union européenne reste attentive à l’évolution de la situation, en appelant tous les acteurs au calme et à la retenue. Elle appelle également à ce que la liberté du président Kaboré et des membres des institutions de l’État soit immédiatement rétablie », a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell
De leur côté les États-Unis ont fait la déclaration suivante par l’entremise d’un porte-parole de la diplomatie américaine : « nous exhortons toutes les parties, dans cette situation mouvante, à maintenir le calme et à rechercher le dialogue pour résoudre leurs griefs ». « Le gouvernement des États-Unis est au courant des informations selon lesquelles des membres de l’armée du Burkina Faso ont arrêté et détiennent le président Roch Marc Kaboré » a précisé le porte-parole, qui a poursuivi en appelant à « la libération immédiate du président Kaboré et d’autres responsables gouvernementaux, et nous appelons les membres des forces de sécurité à respecter la Constitution du Burkina Faso et ses dirigeants civils ».
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a déclaré qu’elle suivait « avec une grande préoccupation » l’évolution de la situation dans le pays, « caractérisée » depuis dimanche « par une tentative de coup d’État ». Pour le moment la confusion continue de régner alors que les premiers tirs ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche au camp militaire Sangoulé-Lamizana, à Gounghin, dans la périphérie de Ouagadougou.
Dimanche matin, des dizaines de soldats, kalachnikov à la main sont sortis de leur caserne et ont bloqué l’accès au camp Sangoulé-Lamizana. Des tirs ont également été entendus au camp Général-Baba-Sy, à la base aérienne de Ouagadougou, et dans une caserne de la ville de Kaya, dans le centre-nord du Burkina Faso. Le gouvernement a instauré un couvre-feu de 20 heures à 5 h 30 « jusqu’à nouvel ordre » sur le territoire. Les établissements scolaires du pays sont fermés jusqu’au mardi 25 janvier « pour préserver la sécurité des élèves et des enseignants ».
Apparemment les militaires veulent faire connaître leur colère face à « l’incapacité » du chef de l’État à mettre fin aux attaques terroristes. Les soldats qui se sont mutinés rencontrent le soutien d’une partie de la population. Ainsi dimanche, une centaine de manifestants étaient rassemblés au camp Sangoulé-Lamizana pour exprimer leur soutien aux mutins. « Nous voulons un régime de transition, comme au Mali, et le départ de la France du Sahel » témoigne un commerçant de 31 ans.
Samedi 22 janvier, des centaines de personnes avaient défilé dans les rues de la capitale et dans plusieurs villes du pays alors même que les manifestations étaient interdites par les autorités.
Ouagadougou avait vécu des moments de heurts, les manifestants ayant essayé d’ériger des barricades, avant d’être dispersés. Le 11 janvier déjà, une dizaine de militaires burkinabés et cinq civils avaient été arrêtés ; accusés de préparer un coup d’État contre le président Kaboré.