Alors qu’il s’apprête à exercer la présidence de l’Union africaine (UA), le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, a été appelé par des organisations de la société civile et de défense des droits humains à indemniser les victimes de l’ancien dictateur tchadien, Hissène Habré.
« Aucune victime n’a reçu à ce jour un seul centime », a déclaré Maître Assane Dioma Ndiaye, le coordinateur sénégalais des avocats des victimes d’Hissène Habré lors du procès contre l’ex-président tchadien décédé en 2021, et qui s’était tenu à Dakar en 2015-2016.
Une indemnisation pour l’Histoire
Lundi 3 janvier 2022, des défenseurs des droits ont interpellé le président sénégalais, Macky Sall qui s’apprête à tenir son rôle de président de l’Union africaine, à débloquer l’indemnisation de milliers de victimes de Hissène Habré.
Selon Maître Ndiaye, après avoir accédé à la présidence en avril 2012, et après avoir « mis fin aux résistances de son pays à la tenue du procès », « Monsieur Macky Sall a un second rendez-vous avec l’histoire ».
Un dictateur et ses victimes
Hissène Habré, décédé du Covid-19 en août 2021, à l’âge de 79 ans, a été inhumé au Sénégal où il avait purgé sa peine. A l’issue d’un procès extraordinaire, il avait été condamné, le 30 mai 2016, à la prison à vie, jugé coupable pour crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvements. Chassé du pouvoir tchadien, où il avait exercé de 1982 à 1990, il avait fui au Sénégal.
D’après une enquête tchadienne, environ 40 000 personnes ont été victimes de la répression sous le régime Habré. Selon les défenseurs des droits, 8 000 parties civiles attendent des indemnités, pour un coût global de 82 milliards de francs CFA (125 millions d’euros).
« Le tribunal qui avait confirmé la condamnation d’Hissène Habré en 2017 avait mandaté un fonds pour dédommager les victimes à partir des biens de l’ancien dirigeant et de contributions volontaires. Mais ce fonds n’est toujours pas opérationnel alors que beaucoup de victimes sont mortes sans rien toucher. »
Maître Ndiaye, a expliqué qu’« il n’y a jamais eu de volonté politique de la part de l’UA ». Selon lui, « s’il y a du retard, c’est seulement parce que les anciens présidents de l’UA qui se sont succédé n’ont pas osé posé les actes ».