Des députés proposent une loi dont l’objectif est de « lutter contre toute perversion dans l’espace public ». Les peines encourues vont de cinq à dix ans de prison ferme.
Un groupe de députés se saisit d’une proposition de loi qui a pour objet de lutter contre l’homosexualité au Sénégal. La loi actuelle est déjà sévère et la nouvelle proposition inquiète la communauté LGBT.
L’article 319 du Code pénal punit déjà d’un à cinq ans d’emprisonnement toute personne qui aura commis un « acte contre-nature avec un individu de son sexe ». Les quatre députés qui portent la nouvelle proposition de loi entendent élargir le champ d’application de la loi : « L’objectif est de lutter contre toute perversion dans l’espace public. Ces personnes doivent respecter la société dans laquelle elles vivent et faire ce qu’elles veulent en privé. La liberté a ses limites » déclare Moustapha Guirassy, qui a participé à l’écriture du texte.
Selon cette proposition de loi, toute personne qui aura été reconnue coupable de « lesbianisme, homosexualité, bisexualité, transsexualité, intersexualité, zoophilie, nécrophilie et autres pratiques assimilées » serait punie d’une peine de cinq à dix ans de prison ferme et d’une amende de 1 à 5 millions de francs CFA (de 1 524 à 7 622 euros). Il s’agit donc de renforcer les sanctions pénales. « L’article 319 ne mentionne pas et ne définit pas clairement l’homosexualité, donc cela ouvre une brèche pour l’impunité des personnes accusées », explique Mame Moctar Gueye, porte-parole de Jamra, l’ONG islamique qui reproche aux homosexuels d’« envahir l’espace public ».
Le débat actuel a des conséquences sur l’accès aux soins et à l’emploi des homosexuels. En proie aux diffamations et aux menaces quotidiennes, les personnes concernées doivent presque se cacher dorénavant. Un militant LGBT explique, « l’homophobie grandit depuis plusieurs années, la situation devient dramatique ». En mai déjà, une marche pour la criminalisation de l’homosexualité avait mobilisé une foule importante à Dakar. Ce même militant explique les dangers de la proposition de loi.
En effet un alinéa prévoit de retirer les droits civiques, civils et politiques à toute personne reconnue coupable. Un autre alinéa punit l’apologie de l’homosexualité « par tout moyen de diffusion publique ou par le financement de toute activité relative à l’agenda LGBT » de trois à cinq ans de prison et jusqu’à 5 millions de francs CFA. « Cela signifie que nous, les militants, sommes visés. Nous craignons aussi que les médias ou les ONG qui travaillent dans la lutte contre le VIH, épidémie avec une forte prévalence dans la communauté homosexuelle, soient condamnés par cette loi »,
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