Ferdinand Ayité et Joël Egah, deux journalistes indépendants critiques du pouvoir, ont été arrêtés pour « diffamation et outrage à l’autorité ». Amnesty International a dénoncé leur « détention arbitraire ».
Deux journalistes togolais, Ferdinand Ayit, directeur de publication du bihebdomadaire L’Alternative et Joël Egah, celui de l’hebdomadaire Fraternité, ont été arrêtés pour leurs propos « diffamatoires et outrageants pour l’autorité », selon une plainte de deux ministres, diffusés lors d’une émission sur Internet.
Un troisième journaliste, entendu par le juge, a été placé sous contrôle judiciaire pour avoir participé à l’émission.
« Atteinte à la liberté d’expression »
Lundi 13 décembre 2021, Amnesty International a dénoncé leur « détention arbitraire » et a exigé leur libération « immédiate ».
« La détention arbitraire des journalistes Ferdinand Ayité et Joël Egah est une atteinte à leur droit à la liberté d’expression. Les autorités cherchent à faire taire les critiques envers les pouvoir », a déclaré Fabien Offner, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
D’après lui, les deux journalistes ont été « placés en détention uniquement pour avoir tenu des propos dans l’émission « L’autre journal », diffusé sur YouTube », dans lesquels « ils critiquaient deux ministres du gouvernement actuel ». « Les propos tenus par ces deux journalistes ne devraient pas fonder leur arrestation ni aucune poursuite pénale. »
Des journaux suspendus
Arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui avait dirigé le pays pendant trente-huit ans, le président Faure Gnassingbé, a été réélu et contesté par l’opposition.
Au Togo, les organes de presse qui s’en prennent au pouvoir en place, sont régulièrement suspendus par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC).
Dans ce contexte, L’Alternative et Fraternité, tous deux connus pour critiquer le pouvoir, ont a plusieurs reprises été suspendus et/ou condamnés.
L’Alternative a ainsi été suspendu en février 2021 pour quatre mois par la HAAC, impliquant dans son dossier, l’actuel ministre de l’urbanisme, Koffi Tsolenyanu. En mars 2020, L’Alternative avait déjà été suspendu après le dépôt de plainte de Marc Vizy, l’ancien ambassadeur de France au Togo, et Fraternité, pour sa part avait été suspendu pour deux mois, à la suite d’un article dénonçant la suspension de deux autres journaux.