Joël Aïvo, professeur de droit constitutionnel et ancien candidat à la présidentielle d’avril 2021, a été reconnu coupable de « blanchiment de capitaux » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Il a été condamné, dans la nuit du 6 au 7 décembre, à dix ans de prison et à 45 millions de francs CFA d’amende. Il dénonce une « vengeance politique ».
La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) de Porto-Novo l’a reconnu coupable, ainsi que deux coaccusés (Boni Sarè Issiakou et Ibrahim Bachabi Moudjaïdou), de « blanchiment de capitaux » et « atteinte à la sûreté de l’État ».
Joël Aïvo a donc été condamné à dix ans de réclusion criminelle et à une amende d’environ 68 000 euros (45 millions de francs CFA).
L’ancien candidat à la présidentielle d’avril dernier, avait été arrêté le 15 avril à Godomey-Togoudou, au nord de Cotonou, capitale économique du Bénin, alors qu’il revenait du campus universitaire dont il était le doyen et exerçait comme professeur de droit constitutionnel.
La veille de son arrestation, le président Patrice Talon avait été réélu avec 86 % des voix.
« Complot contre la sûreté de l’État »
« Le Professeur », ainsi surnommé, avait été « entendu à la barre sur l’origine de sa caution de 50 millions de francs CFA (environ 76 000 euros) déposée dans le cadre de sa candidature à l’élection présidentielle. Celle-ci aurait en partie, été financée par Arnaud Houédanou, accusé d’avoir fomenté un coup d’État », d’après nos confrères du Monde. « Le complot contre la sûreté de l’État est constitué dès son acceptation orale avant qu’il ne se concrétise. Joël Aïvo est bénéficiaire du complot financé par Arnaud Houédanou », avait expliqué le procureur de la Criet, Mario Mètonou.
Après le verdict judiciaire du pouvoir en place au Bénin, l’équipe de défense internationale de Joël Aïvo a dénoncé cette lourde peine « disproportionnée, excessive, abusive, absurde ».
« On ne peut la comprendre qu’avec une lecture purement politique. Le pouvoir en place envoie un signal fort à tout opposant politique qui oserait lui faire de l’ombre ces dix prochaines années », déplorent les opposants, qui estiment cette peine comme étant un « instrument de terreur ».
Le 10 décembre, l’opposante et ancienne garde des sceaux, Reckya Madougou sera à son tour jugée par cette même Cour.