Le Parlement du Ghana doit étudier ce mardi 26 octobre 2021 un nouveau projet de loi visant à pénaliser très lourdement l’homosexualité, déjà interdite dans le pays.
« C’est inhumain », a réagit par téléphone l’ONG ghanéenne de défense de la diversité Interfaith Diversity Network of West Africa (IDNOWA). « Si cette loi passe, toute conversation avec des journalistes sera interdite et notre existence même sera menacée », a déclaré un activiste de l’ONG.
Une loi pour criminaliser l’amour
Le Parlement ghanéen doit se pencher ce mardi sur un nouveau projet de loi visant à criminaliser l’homosexualité dans le pays. Les relations sexuelles y sont déjà interdites par une loi héritée de l’ère coloniale, bien qu’aucune personne n’ait jamais été poursuivie en son nom. Le conservatisme de la société ghanéenne, très religieuse, est à l’origine de cette homophobie ambiante, et selon un sondage datant de 2014, 90 % des ghanéens seraient pour une loi criminalisant les relations entre personnes du même sexe.
Si le texte est voté ce mardi, les personnes LGBTQ+ seront passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison, les défenseurs des droits homosexuels seront pénalisés et la publication d’informations pouvant être considérés comme un encouragement à l’homosexualité sera interdite.
Le projet de loi encouragera par ailleurs les thérapies dites de « conversion ».
A l’origine de ce texte, qu’il a déposé début août 2021, Sam Nartey George, un député du parti de l’opposition, décrit les droits des homosexuels des personnes LGBTQ+ comme une « perversion ».
Homophobie inédite
Le Ghana connaît une vague homophobe particulièrement inédite depuis plusieurs années. En février 2021, les forces de l’ordre avait expulsé un mois seulement après son ouverture la permanence d’accueil d’une des seules associations d’aide aux LGBT, le LGBT+ Rights Ghana.
Le mois suivant, 21 personnes ont été arrêtées dans la ville de Ho, lors d’une formation destinée aux assistants juridiques qui soutiennent les groupes de personnes en minorité.
Si la plupart ont été libérées, certaines ont dû s’exiler par peur de représailles éventuelles, et la plupart ont perdu leur emploi.
Le président Nana Afuko-Addo, quant à lui, souhaiterait ouvrir son pays aux investissements Afro-Américains, et désire surtout faire passer le Ghana pour un pays d’ouverture et de tolérance. Une image moderne qui risque d’être bafouée par ce projet de loi, qui, selon les spécialistes, à de fortes chances d’être votée.