Un vent de renouveau souffle sur la sphère politique ivoirienne. Le 15 septembre, au cours d’une réunion au palais présidentiel, Alassane Ouattara confirmait son intention de refondre son parti politique, le RHDP. Une décision lourde de conséquences pour ses membres.
Alassane Ouattara frappe du poing
Depuis le début du mois de septembre, le président ivoirien souhaite remanier son parti, le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix). Des intentions qu’il a par la suite affirmées le 15 septembre à Adama Bictogo, directeur exécutif du RHDP. L’occasion pour le chef de l’Etat de rappeler à ce dernier qu’il ne devait s’occuper que des affaires du parti et non plus se mêler des questions gouvernementales. Et ce n’est pas la première fois qu’Alassane Ouattara tente de remettre ses disciples à leur place. Une semaine plus tôt, lors du conseil des ministres, il avait rappelé aux membres de son gouvernement qu’ils étaient tenus de répondre au Premier ministre.
C’est donc un président “agacé par les velléités d’indépendance d’Adama Bictogo” qui s’est présenté aux cadres du parti le 15 septembre dernier. Etaient notamment présents plusieurs hauts dignitaires de la sphère politique ivoirienne, à l’instar de Patrick Achi (chef du gouvernement), Kandia Camara (ministre des Affaires étrangères), Téné Birahima Ouattara (ministre de la Défense), Abdourahmane Cissé (secrétaire général de la présidence) et Ibrahim Bacongo (conseiller spécial du président, chargé des Affaires politiques).
Transformations majeures en cours
“Alassane Ouattara remaniera la direction de son parti en faveur de Patrick Achi dans le courant du mois d’octobre”, avançait Jeune Afrique le 21 septembre. Cette restructuration n’est pas le fruit du hasard. Le 9 août dernier, son rival historique Laurent Gbagbo annonçait déjà son intention de créer son propre parti d’ici le mois d’octobre, laissant “l’enveloppe” légale du FPI (Front Populaire Ivoirien) à son ancien premier ministre, Pascal Affi N’Guessan. Au sein de sa future formation politique, l’ex-chef d’Etat pourrait d’ailleurs compter sur plusieurs membres de sa garde rapprochée, dont Georges-Armand Ouégnin (président de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté), Dano Djédjé (ancien ministre de la Réconciliation nationale), Obou Patrice Kouté (ancien vice-président du COJEP en charge des relations avec les institutions gouvernementales) ou encore Justin Koné Katinan (porte-parole de Laurent Gbagbo).
Cette réorganisation est également le triste résultat des décès des Premiers ministres Amadou Gon Coulibaly (juillet 2020) et Hamed Bakayoko (mars 2021), laissant leurs postes respectifs de président du directoire et vice-président du RHDP vacants. Sans compter le départ de la coalition avec le RHDP d’Albert Mabri Toikeusse, président de l’UDPCI (Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire), en août 2020, ou encore l’avènement de plusieurs candidatures indépendantes, au cours des dernières législatives.
Dès lors, Alassane Ouattara réfléchit sérieusement à une restructuration majeure au sein du RHDP, à travers le retrait de plusieurs ministres et la nomination d’Adama Bictogo à un autre poste. Des ambitions de grande ampleur qui ne passent pas inaperçues. Et ce n’est peut-être que le début : “Alassane Ouattara n’est qu’au premier mandat de la troisième République”, s’exclamait à ce titre l’actuel directeur exécutif du parti présidentiel le 19 septembre dernier.