Ousmane Sonko, figure de l’opposition sénégalaise, se prépare pour les prochaines élections présidentielles de 2024. Coalition, réseaux sociaux, implantation locale de son parti… autant de manœuvres politiques qui présagent une course au pouvoir sans précédent.
En 2019, Ousmane Sonko était arrivé troisième au scrutin présidentiel sénégalais. Mais cette fois, il compte bien aller plus loin.
« L’envergure réelle du parti »
Six mois après de violentes manifestations dues à son arrestation après une plainte déposée pour viol, le politicien continue de tisser sa toile et se fraye doucement un chemin vers la présidence électorale sénégalaise. L’opposant plus fort de cette arrestation, son entourage convaincu, témoigne : « Nous avons pris conscience de l’envergure réelle du parti et de sa capacité de mobilisation », déclare Bassirou Diomaye Faye.
Manœuvres politiques prometteuses
Le 23 janvier 2022 auront lieu les élections locales : « Pour les gagner, il va falloir que le Pastefn investisse les campagnes, le monde rural et réussisse à parler aux femmes, aux chômeurs et aux plus de 40 ans », constate Jean-Charles Biagui, un enseignant chercheur en sciences politiques en université.
Mais Ousmane Sonko et son parti l’avaient déjà bien compris : début septembre 2021, l’opposant avait déjà annoncé la coalition Yewwi Askan Wi (« Libérez le peuple », en wolof) avec le parti de Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, et le Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), de Serigne Moustapha Sy, un influent chef religieux.
« Depuis 2000, toutes les alternances ont été des victoires de coalitions. Pour gagner, il est nécessaire de s’unir », explique Bassirou Diomaye Faye, un membre fondateur du Pastef (les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, le parti d’Ousmane Sonko, créé en 2004.)
« Même s’il continue de se présenter comme anti-système dans son discours, dans la pratique il est moins radical et il prêt à s’unir avec d’autres partis plus traditionnels pour avoir accès au cercle décisionnel », selon Abdou Khadre Lo, analyste politique, pour qui Ousmane Sonko, a été « rattrapé par la realpolitik ». Selon lui, Ousmane Sonko est bien : « l’opposant de la majorité le plus actif ».