En Gambie, le parti de l’ex-dictateur Jammeh et celui du président Adama Barrow, s’allient pour la prochaine élection présidentielle. La communauté internationale se demande si le gouvernement gambien désire vraiment poursuivre l’ancien dirigeant pour ses actes de violations supposées des droits humains quand il dirigeait le pays.
Durant une conférence de presse tenue ce dimanche 5 septembre 2021, le secrétaire général du parti APRC (l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction), de Yahya Jammeh, a annoncé une alliance avec le NPP (le Parti national des peuples), du président Adama Barrow, dans le but de soutenir ce dernier lors de la présidentielle du 4 décembre prochain.
« Notre objectif est que l’ancien président Jammeh revienne dans ce pays de manière pacifique et dans la dignité », a déclaré Fabakary Tombong Jatta, le secrétaire général du parti APRC, laissant entendre qu’un retour d’exil de l’ex-dirigeant serait possible selon l’accord, en cas de réélection de M. Barrow.
Actes de violences
M. Jammeh a pris le pouvoir en 1994 lors d’un coup d’État militaire. Il dirige le pays fermement, jusqu’en janvier 2017 quand, face à Adama Barrow, il perd l’élection présidentielle. Après quoi il quitte la Gambie et se réfugie en Guinée équatoriale.
Le gouvernement de M.Barrow créé alors une commission Vérité, réconciliation et réparations (TRRC) pour enquêter sur les crimes commis durant les vingt-deux années de gouvernance de Yahya Jammeh. Les témoignages sont sans équivoque sur les moyens de tortures employés par le chef de l’État.
Une alliance qui questionne
De multiples ONG attendent le verdict de la commission et espèrent la poursuite en justice de M. Jammeh.
M. Barrow, quant à lui, à fait savoir qu’il attendrait les recommandations de la commission pour éventuellement poursuivre son prédécesseur en justice.
Le procureur général de la TRRC, Essa Faal, devrait livrer son rapport le 30 septembre et a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de décembre prochain.
Un rapport attendu, mais qui selon Seedy Njie, le porte-parole adjoint du parti au pouvoir, le NPP, n’aura aucune validité, puisque de fait, il est rédigé par un candidat de l’opposition : « Ce serait incompréhensible pour quiconque de suggérer que le procureur rende des conclusions censées réconcilier le peuple gambien alors qu’il est un opposant au président. Donc une majorité de gambiens ont conclu que le rapport d’Essa Faal sera biaisé et politisé ».