Hissène Habré, l’ancien dictateur, au pouvoir au Tchad de 1982 à 1990, est décédé, cette semaine, au Sénégal. Il y avait été condamné en 2016 à la prison à la perpétuité pour crimes contre l’humanité.
Malick Sall, le ministre sénégalais de la Justice, l’a annoncé ce mardi 24 août 2021 sur la chaîne TFM : l’ancien dictateur et chef d’État du Tchad, Hissène Habré, est décédé à l’âge de 79 ans. Selon lui, : « Habré a été remis entre les mains de son Seigneur ».
Covid et prison
Selon Malick Sall, Hissène Habré aurait succombé au Covid-19, à Dakar, dans les murs de l’hôpital principal. Sa famille l’avait fait transférer de sa cellule à un hôpital privé il y a quelques jours à peine, lorsque son état s’était subitement dégradé. Avec son avocat, ils réclamaient d’ailleurs une modification de ses conditions de détention à cause de son âge avancé et de sa santé.
La justice sénégalaise l’avait autorisé à sortir une soixantaine de jours en avril 2020, afin de lui éviter une contamination. Il était resté sous garde pénitentiaire permanente, chez lui à Dakar.
Dictateur
Malick Sall a cependant rappelé que « Habré restera dans l’histoire comme l’un des dictateurs les plus impitoyables, comme un homme qui a massacré son propre peuple pour s’emparer du pouvoir et s’y maintenir, qui a incendié des villages entiers, condamnés des femmes à serveur d’esclaves sexuelles à ses soldats et fait construire des cachots secrets pour infliger à ses ennemis des tortures moyenâgeuses ».
Hissène Habré a été à la tête du Tchad entre 1982 et 1990, période durant laquelle il aurait commandité environ 40 000 assassinats politiques (selon une commission d’enquête tchadienne).
En 1990 lui et son régime sont renversés par un coup d’État et remplacés par Idriss Déby (lui-même remplacé par son fils, à sa mort en avril 2021). Hissène Habré avait alors dû s’exiler au Sénégal.
Le 30 mai 2016, à l’issu d’un procès à Dakar, les Chambres africaines extraordinaires, créées en vertu d’un accord entre l’Union africaine et le Sénégal, le condamnent à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité. Il sera finalement enterré au cimetière musulman de Yoff à Dakar, ce jeudi 26 août. Si le gouvernement tchadien ne s’était pas opposé au rapatriement de sa dépouille, il refuse catégoriquement qu’un hommage national lui soit rendu « en raison de ses condamnations et par respect pour ses victimes ».