Le chef de l’État s’est exprimé et s’engage fermement dans la lutte contre la corruption politique et le narcotrafic.
Umaro Sissoco Embalo est président de la Guinée-Bissau depuis une an et demi et entend bien gouverner selon des préceptes qui lui sont propres : « Je n’ai aucun modèle, je n’admire personne » clame le nouvel homme fort du pays. Celui-ci qui définit comme suit ses modes de faire : : « ordre, discipline et développement ». Umaro Sissoco Embalo qualifie ainsi sa philosophie politique de « l’embaloïsme ».
L’ambition du nouveau président est officiellement annoncée : la lutte contre la corruption structurelle qui a gangréné le pays depuis des années. Et Umarao Sissoco Embalo emploie des moyens radicaux. Ainsi il a fait placer des caméras de surveillance « dans tous les quartiers de Bissau », comme à Singapour. Ville dont il s’inspire, une cité-État qui « a été changée par un seul homme » déclare celui qui veut voir son pays évoluer. « La Guinée-Bissau ne sera plus le pays que vous avez connu, où n’importe qui fait n’importe quoi. C’est terminé, terminé ! » avait déclaré le futur président lors de la campagne électorale.
Umarao Sissoco Embalo prône donc une politique de fermeté extrême. Il considère la corruption comme un « Covid social » dont les deux « vaccins » seraient « la discipline et l’ordre ». « Ici il n’y a qu’un seul chef : je décide, les autres exécutent. Il y a une concertation, mais je ne tolérerai jamais les trafiquants et les corrupteurs. Pendant le COVID, l’OMS [Organisation mondiale de la santé] a demandé de libérer des prisonniers : ceux qui sont restés derrière les barreaux étaient accusés de corruption, homicide volontaire et trafic ou consommation de drogue. Avec moi, ces gens-là n’auront pas de grâce présidentielle. »
Umarao Sissoco Embalo engage la même fermeté dans la lutte contre que le narcotrafic. Cette politique de fermeté, en apportant la stabilité, permettra d’attirer les investisseurs et de faire décoller le pays. Une fermeté qu’il dit appliquer dans la lutte antistupéfiants. Alors que la Guinée-Bissau est depuis des décennies une plaque tournante de la drogue. En 2018 selon l’ONU, au moins 30 tonnes de cocaïne entraient et sortaient du pays chaque année. En septembre 2019, la police locale et Interpol sont parvenus à saisir près de deux tonnes de cocaïne en provenance de Colombie.
Le pays est d’ailleurs qualifié de narco-État par l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (ONUDC). Cela indique l’ampleur de la tâche que s’est donné le nouveau président. Celui-ci se dit prêt à se battre « par tous les moyens » contre les trafiquants, il assure qu’ils ont « déserté le pays » depuis son élection.
Le président est confiant et se fait fort de changer l’image du pays aux yeux du monde entier. Il montre des signes d’évolution qui sont pour lui des encouragements et compte attirer les chefs d’Etat du monde entier « cela faisait trente-et-un an que le président portugais n’était pas venu ici en visite officielle ». Il pense accueillir de nouveaux bailleurs de fonds internationaux, comme le Fonds monétaire international (FMI).
Si l’image du pays est quelque peu rénovée ; à l’intérieur du pays les mécontentements se font jour. Des services publics sont en grève générale depuis décembre, faisant la demande notamment de meilleures conditions de travail et une augmentation du salaire minimum mensuel (à 50 000 francs CFA, soit environ 76 euros).
Il faudra du temps et de la rigueur pour sortir de la pauvreté ce petit pays dont 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. La dernière élection présidentielle a vu le choix des citoyens s’exprimer, s’engageant dans une démarche volontariste, ferme et autoritaire. En attendant les résultats …
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