L’extradition de François Compaoré, le frère cadet de l’ancien président burkinabé, vers le Burkina Faso, a été validée par le Conseil d’État français. Il est poursuivi pour « incitation à assassinat » de Norbert Zondo, un journaliste d’investigation, tué en 1998.
Ce vendredi 30 juillet 2021, le Conseil d’État a validé l’extradition vers le Burkina Faso du frère cadet de Blaise Compaoré, l’ancien chef d’État burkinabé. Ce dernier a dirigé le pays entre 1987 et une insurrection populaire en 2014.
Assassinats et arrestation
Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, célèbre journaliste d’investigation pour l’hebdomadaire L’Indépendant, est immolé par le feu avec trois de ses collègues (Blaise Ilboudou, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo) alors qu’ils enquêtaient sur le meurtre du chauffeur privé de François Compaoré. Leurs corps sont retrouvés dans le sud du Burkina, calcinés.
En octobre 2017, François Compaoré est arrêté à l’aéroport de Roissy en région parisienne, suite à un mandat d’arrêt international émanant de Ouagadougou, pour « incitation à assassinat ». Il a demandé au Conseil d’État d’annuler « pour excès de pouvoir » un décret français signé par Edouard Philippe (alors Premier ministre) et Nicole Belloubet (alors Garde des sceaux) et datant du 21 février 2020, accordant son extradition aux autorités judiciaires burkinabés.
Demande rejetée
Le Conseil d’État a donc rejeté cette demande soulignant que « monsieur Compaoré n’est pas fondé à soutenir que son extradition aurait été demandée dans un but politique et que le risque qu’il soit exposé à des traitements inhumains ou dégradants en raison des conditions de détention dans les prisons burkinabés et sa condition personnelle pouvait être écarté grâce à certaines dispositions nationales et des engagements internationaux », selon nos confrères du Monde.
Robert Zongo, le frère de Norbert, espère quant à lui que justice soit faite : « D’appel en appel, François Compaoré utilise tous les recours, mais je sais qu’un jour il se retrouvera devant un juge burkinabé, comme n’importe quel citoyen, et qu’il devra rendre des comptes. Nous ne demandons qu’à l’entendre. »
Pierre-Olivier Sur, l’avocat de M. Compaoré a assuré de son côté que, si l’extradition était validée par la Cour européenne, il accompagnerait son client à Ouagadougou « en zone rouge pour contrôler que les conditions de jugement et d’incarcération soient remplies ». »Nous irons avec honneur et dignité » a t- il finalement ajouté.