Après quinze années d’attente et de négociations, le Nigeria, qui compte plus de 210 millions d’habitants, vient finalement d’adopter une réforme pétrolière. Premier producteur de pétrole d’Afrique (1,9 millions de barils sont exportés chaque jour), le Nigeria est en difficulté depuis la crise sanitaire et a vu chuter considérablement son PIB. Le pétrole représente habituellement 90 % des revenus du pays.
Le jeudi 1er juillet 2021, les deux chambres au Parlement du Nigeria ont fini par adopter une réforme du secteur pétrolier qui était attendue depuis 2008. Ce projet au long court a alimenté, pendant des années, les tensions entre le gouvernement et les différentes compagnies de pétrole implantées au Nigeria.
« Un moment historique »
Ola Awoniyi, porte-parole du Sénat s’est félicité de ce « moment historique », en déclarant : « C’est un évènement important pour l’Assemblée nationale en place, après des années de retard ».
Fémi Gbajabiamila, Président de l’Assemblée nationale actuelle, s’est lui aussi réjoui : « Il faut souligner comme cette journée est importante. Cela fait près de vingt ans que nous attendions cela. »
Cette loi ambitionne de donner un cadre légal et fiscal à l’industrie nigériane du gaz et du pétrole, d’après nos confrères du Monde. Elle s’articule autour de trois axes principaux : un encadrement plus strict de la fiscalité, une meilleure distribution des richesses, et la transformation de la Nigeria National Petroleum Corporation (NNPC), en une société commerciale. Selon nos confrères du Monde, cette NNPC est « réputée être la caisse noire de l’État ».
Trois axes vers plus d’équité ?
Le Parlement doit encore peaufiner le texte de loi, notamment sur « la part de redistribution aux communautés qui habitent dans les zones d’extraction ». Ces pourcentages de redistribution ne conviennent d’ailleurs pas à tous : initialement les compagnies pétrolières devaient verser 2,5 % de leurs dépenses. Ce pourcentage devrait être réévalué entre 3 et 5 % selon Ola Awoniyi.
Le Mouvement pour la survie du peuple ogoni (Mosop), groupe créé par les représentants des populations ogonis, dans le sud du Nigeria, pour défendre leurs intérêt face aux compagnies pétrolières (en particulier Shell) et le gouvernement nigérian, milite toujours pour porter ce pourcentage à 25%. Bien que critiquée, cette loi devrait permettre de mettre fin à l’incertitude réglementaire pesant sur le secteur pétrolier.