Mubarak Bala est en prison depuis an pour cause de blasphème ; il est incarcéré sans avoir été jugé ni inculpé.
Mubarak Bala est un militant athée accusé d’avoir critiqué le prophète musulman sur le réseau social Facebook. Monsieur Bala est incarcéré dans une prison du nord du Nigéria depuis un an.
Arrêté le 28 avril 2020, Mubarak Bala est détenu sans avoir été jugé, ni inculpé. Il lui est reproché d’avoir critiqué le prophète musulman. Pour un tel acte de blasphème, Mubarak Bala encourt la peine de mort. Le nord musulman du Nigéria est particulièrement conservateur et la charia est appliquée parallèlement au droit commun.
Ingénieur dans une compagnie électrique dans l’Etat de Kaduna, Mubarak Bala, 36 ans, est président de l’Association des humanistes du Nigeria, une organisation qui se décrit comme « la voie de l’humanisme au Nigeria ».
C’est à l’âge adulte que Mubarak Bala cesse de croire en Dieu et décide de lutter contre les mouvements salafistes extrémistes qui gangrènent le nord du pays et les églises chrétiennes évangéliques dans le sud. « Il essayait de changer les dynamiques dans le nord, explique Leo Igwe, un défenseur des droits humains et fondateur de l’association humaniste. Il disait même qu’il allait se présenter aux élections. »
L’activisme dont fait preuve Mubaral Bala heurte les religieux, dont le pouvoir et l’influence sont prépondérants dans le nord du pays « Il était en train d’inspirer un mouvement et les gens commençaient à s’inquiéter » déclare Léo Igwe.
En mai 2020, ses avocats ont introduit une demande auprès de la Haute Cour fédérale d’Abuja pour demander sa libération. Et même si en décembre la cour a ordonné la libération sous caution : les mots n’ont pas été suivis de faits et M. Mubarak Bala est toujours incarcéré. « Le refus d’obéir à l’ordonnance du tribunal est mal intentionné et illégal », déclare James Ibor, l’un de ses avocats.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion, Ahmed Shaheed, a déclaré être « très préoccupé par la persécution des personnes non religieuses au Nigeria ». Dans les pays où « les lois de la charia sont maintenues en parallèle plutôt que d’être subordonnées aux juridictions de droit commun, nous constatons des violations très fréquentes et préoccupantes des droits fondamentaux », toujours selon M. Ahmed Shaheed.
Source : Le Monde Afrique