Côte d'Ivoire et Afrique occidentale
Gambie : l’étau judiciaire se resserre autour de Yahya Jammeh
Jammeh

Les témoignages devant la commission de vérité gambienne mettant en cause l’ancien président Yahya Jammeh dans l’exécution sommaire en 2005 de quelque 59 migrants ouest-africains devraient conduire à l’établissement des responsabilités pénales, confirment Human Rights Watch et TRIAL International.

Les deux ONG ont rassemblé un grand nombre d’informations sur le massacre :

« Ces informations n’avaient jusqu’alors jamais été exposées publiquement ou racontées en une seule fois. Le nombre exact de migrants tués n’est toujours pas connu. Gibril Ngorr Secka, ancien directeur des opérations de l’Agence nationale de renseignement (National Intelligence Agency, NIA), a présenté à la TRRC une liste de 51 personnes établie dans un poste de police, parmi lesquelles des citoyens du Ghana (39), de la Sierra Leone (3), du Togo (2), de Côte d’Ivoire (2), du Sénégal (2), du Liberia (1), du Nigeria (1) et du Congo (1). Outre ces noms qui forment la première liste officielle de disparus, le groupe comprenait également d’autres migrants, dont huit Nigérians qui auraient été arrêtés et tués.

Ces dernières précisent que les témoins, dont l’ancien chef d’état-major de l’armée gambienne et d’anciens officiers supérieurs de la NIA ont déclaré que le chef de la police de l’époque, Ousman Sonko – actuellement détenu en Suisse et sous enquête pour crimes contre l’humanité – aurait informé Jammeh que des personnes avaient été appréhendées sur une plage près du port de Barra, situé en face de la capitale Banjul. Après avoir parlé avec Jammeh pendant plusieurs minutes, Sonko aurait donné l’ordre à des officiers de transporter les migrants, soupçonnés d’être des mercenaires, au quartier général de la marine à Banjul.

Plusieurs témoins ont déclaré qu’il était clair que les hommes et les deux femmes étaient des migrants et non des mercenaires, car ils n’avaient ni armes ni rien de suspect. Selon ces témoins, tous les chefs des services de sécurité gambiens – de la police, de l’armée, de la marine, de la NIA et de la Garde Nationale – se seraient alors retrouvés au quartier général de la marine, ainsi que plusieurs « Junglers ». Ils auraient alors battu les migrants, les traitant « comme des animaux », à en croire le témoignage d’un officier. Les migrants auraient ensuite été répartis dans divers centres de détention autour de Banjul. »

Les victimes gambiennes de  Jammeh  indemnisées en partie via la vente des biens de l’ex-dictateur

Pour rappel, les autorités gambiennes ont annoncé en octobre 2019 que la vente des propriétés de l’ex-dictateur, Yahya Jammeh, pour la somme de 900 000 euros viendra gonfler le fonds d’aide pour les victimes de cette période de tyrannie au sommet de l’Etat.

Selon RFI, qui relayait l’information, “la vente des biens de Yahya Jammeh pourrait rapporter gros à la Gambie. L’intéressé possédait (en effet) plus de 280 propriétés, aussi bien des commerces que des réserves forestières ou des îles. Il est par ailleurs accusé d’avoir volé près de 360 millions de dollars dans les caisses de l’État.

Cette manne financière est en tout cas un geste on ne peut plus symbolique pour réparer les actes horribles perpétrés durant plus de 20 ans par Jammeh, confirmait alors Abubacarr Tambadou, le ministre de la Justice :

“Le gouvernement estime que se servir des richesses et des biens de Yahya Jammeh pour financer la réparation de ses victimes est la meilleure des méthodes et la plus juste.”

Pour autant, cette décision appréciable n’est toujours pas significative pour refermer ce chapitre douloureux, rétorquat de son côté Sheriff Kijera, président du centre des victimes :

“Cinquante millions de dalasi [900 000 euros], ce n’est pas suffisant pour indemniser l’ensemble des victimes. Mais cette initiative est un bon signal envoyé par le gouvernement. Il faut s’attendre à davantage d’argent au fur et à mesure que les travaux de la Commission vérité progressent [Notamment sur la problématique de la redistribution].”

Yahya Jammeh avait annoncé le 21 janvier 2017 à la télévision qu’il quittait le pouvoir.

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