Le pôle anti-corruption du parquet a pris la décision de poursuivre l’ex-président Ould Abdel Aziz. Après l’audition de 13 suspects, la lecture des P-V de l’enquête préliminaire, et l’enquête financière, le ministère public a annoncé la mise en examen et la mise sous contrôle judiciaire de Ould Abdel Aziz.
La décision du pôle anti-corruption du parquet, a été annoncée le 11 mars. Sont désormais inculpés l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz et douze autres personnalités et anciens hauts responsables. Ils font l’objet de poursuites pour des faits criminels liés principalement au trafic d’influence, à la corruption et au blanchiment d’argent.
Le parquet de Nouakchott ouest s’est appuyé pour partie sur l’enquête financière parallèle ouverte sur les faits objet du rapport de la commission d’enquête parlementaire. Le rapport fut validé en juillet 2020 par l’Assemblée nationale, puis transmis à la justice.
« Les opérations d’investigation ont compris la recherche, le rassemblement, l’étude et l’exploitation de milliers de documents ; l’interpellation, l’audition et la confrontation de dizaines de personnes ; des constatations sur les lieux à Nouakchott,Nouadhibou, Trarza et Inchiri. Une importante quantité de renseignements a été ainsi recueillie auprès d’institutions officielles, d’études d’officiers ministériels et d’établissements privés », rapporte un communiqué du ministère public, avant d’ajouter que « l’enquête a révélé l’implication d’anciens hauts fonctionnaires, des hommes d’affaires ainsi que d’autres personnes, dans des faits criminels, réprimés par les lois pénales en vigueur. D’autres anciens responsables ont participé à ces faits en facilitant leur exécution » rapporte le parquet.
L’enquête financière parallèle a toutefois permis de « découvrir, de geler, et saisir des biens mobiliers et immobiliers accumulés et provenant illégalement de plusieurs crimes commis au préjudice de la société ».
Les biens mentionnés dans les déclarations du ministère public sont situés sur le territoire mauritanien. Ils comprennent des usines, deux immeubles, ainsi que des montants déposés dans des comptes bancaires. Les biens gelés ont été estimés à plus de 1,7 milliard d’euros.
Les charges sont lourdes et la liste des faits reprochés à Ould Abdel Aziz est longue : la dissipation de biens publics mobiliers et immobiliers, le blanchiment, la perception d’avantages matériels indus auprès d’une institution publique, le trafic d’influence, l’abus de fonctions, l’enrichissement illicite, le recel de produit du crime… Yahya Ould Hademine (ancien Premier ministre), Mohamed Salem Ould Bechir (ancien Premier ministre), Mohamed Abdellahi Ould Oudaa (ancien ministre), Taleb Ould Abdi Vall (ex-ministre de l’Energie), Hacenna Ould Ely (ancien ministre des Pêches), et Moctar Djay (ex-ministre de l’Economie et ex-patron de la Société nationale industrielle et minière de Mauritanie) et Mohamed Ould M’Sabou, (beau-fils de l’ex-président mauritanien)sont également poursuivis pour le même types d’exactions : participation à la dissipation des biens publics, l’octroi d’avantages indus dans des marchés publics, de trafic d’influence, d’abus de fonction, et d’enrichissement illicite.
Source : Le Monde Afrique