Pari gagné pour le RHDP qui remporte les élections législatives en Côte d’Ivoire. Quatre mois après une présidentielle marquée par des violences, le parti au pouvoir sort renforcé d’un scrutin apaisé et a désormais les moyens de poursuivre ses réformes. L’opposition, qui arrivait aux urnes en ordre dispersé, remporte quelques victoires qui confirment la vitalité démocratique d’un pays enfin apaisé.
Des législatives disputées mais apaisées
On les qualifiait d’élections les plus ouvertes depuis vingt-cinq ans. Et pour cause, cela faisait dix ans qu’on n’avait pas vu les trois grands partis du pays participer aux élections législatives en Côte d’Ivoire. RHDP, PDCI et FPI tendance Gbagbo se sont donc affrontés samedi 6 mars. Qui l’eût cru, après les violences qui ont émaillé le scrutin présidentiel, il y a seulement quatre mois ? Les partis d’opposition avaient boycotté le scrutin et appelé à la désobéissance civile. Leur participation allait d’autant moins de soi que l’opposition ne reconnaissait pas la légitimité de la réélection d’Alassane Ouattara. Mais en quatre mois, tout est allé très vite. Les signes d’apaisement se sont multipliés, jusqu’au « coup de théâtre » qu’a représenté le retour sur la scène politique du FPI tendance Gbagbo et l’annonce de sa participation aux législatives. Pour Christophe Boisbouvier, du service Afrique de RFI, « beaucoup espèrent que ce pays va enfin tourner la page de vingt ans de violences politiques ».
Bien que pouvoir et opposition aient revendiqué la victoire avant la proclamation officielle des résultats, le scrutin s’est tenu dans le calme, conséquence peut-être des appels à l’apaisement des responsables politiques : « Je souhaite que les épisodes malheureux des élections présidentielles de 2010 et 2020 soient définitivement derrière nous » s’est exprimé le président Alassane Ouattara au moment de voter samedi. Là encore signe d’apaisement, l’ancien président Henri Konan Bédié a voté dans le même bureau, appelant la CEI « à faire en sorte qu’il n’y ait pas de tricheries et de troubles ». Quant à Pascal Affi N’Guessan, il a annoncé espérer que « cette élection fonde un nouveau départ » pour la Côte d’Ivoire.
L’espoir d’une normalisation politique en Côte d’Ivoire
La campagne électorale s’était achevée jeudi soir dans le calme. La Commission Électorale Indépendante (CEI), s’en est félicitée : « De l’avis quasi unanime des différentes parties prenantes au processus, la campagne s’est déroulée sur l’ensemble du territoire national de manière paisible, malgré quelques incidents, au demeurant mineurs et marginaux ». Un contraste saisissant avec les violences en marge du dernier scrutin, et qui laisse entrevoir l’espoir d’une normalisation politique.
Avec 137 élus, le RHDP s’est finalement imposé et obtient 54% des sièges. Un pari gagné pour le parti au pouvoir qui a pris particulièrement au sérieux ces élections législatives. Pour l’opposition, qui se présentait aux urnes en ordre dispersé, le résultat est honorable et témoigne de la bonne santé démocratique du pays : la plateforme d’opposition PDCI-FPI Gbagbo obtient 32% des sièges avec 81 députés. Le reste des sièges sera partagé entre une coalition de petits partis d’opposition à hauteur de 4%, et des députés indépendants qui atteignent 10%. Il n’est d’ailleurs pas impossible que certains d’entre eux se rallient au RHDP. Pour Arsène Bado, spécialiste des processus électoraux, cette participation des différentes tendances politiques du pays est « un signe de détente politique », « important pour la démocratie du pays ». Pour l’opposition, il s’agit maintenant de se reconstruire après d’importantes divisions. Revenir dans le jeu ne suffit pas : « Le FPI revient de loin. Son électorat est aujourd’hui très volatil » décrypte Arsène Bado. Quant au PDCI, il reste traversé par de profondes divisions internes.
Pour le RHDP, une légitimité renforcée pour continuer à réformer
Le parti au pouvoir peut se féliciter d’avoir remporté ces élections, et encore plus de s’être imposé dans un scrutin disputé qui a rassemblé 37,88% des Ivoiriens, une participation légèrement en hausse par rapport à 2016. La légitimité du président Alassane Ouattara, réélu en novembre, devrait se trouver renforcée du fait de la participation de l’opposition au scrutin. Un atout pour poursuivre les réformes déjà engagées dans le cadre des cinq piliers du programme de la Côte d’Ivoire solidaire. La campagne électorale a d’ailleurs été l’occasion de faire valoir certaines idées, et le RHDP s’est logiquement appuyé sur le bilan du président. Là encore, il faut y voir un signe d’évolution et de solidification de la vie démocratique, dans un pays où les campagnes ont longtemps été l’occasion d’affrontements personnels. Les députés RHDP ont ainsi défendu l’augmentation du revenu des Ivoiriens, l’amélioration du système de santé et du système éducatif. « Une campagne argument contre argument, bilan contre bilan, projet contre projet. Une vraie campagne politique comme la Côte d’Ivoire n’en avait pas connue depuis plus de dix ans », résume Christophe Boisbouvier.
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