Un rapport de l’ONU dénombre 140 cas d’exactions impliquant des militaires et des membres de groupes armés.
En janvier 2018, la commission internationale sur le Mali rédigée par l’ONU fait état de « crimes de guerre » commis par l’armée malienne et de « crimes contre l’humanité » commis par plusieurs groupes armés. Ce rapport de 350 pages a été transmis au Conseil de sécurité.
La commission considère que les informations sont vérifiées et présentent « des motifs raisonnables de croire » que l’armée a « commis des crimes de guerre ».
Le rapport détaille chronologiquement 140 cas où des crimes ont été commis et ont fait au total des milliers de victimes (morts, blessés, torturés, déplacés…). En 2012-2013, les forces de sécurité et de défense se sont rendues coupables d’« assassinats » visant « particulièrement les membres des communautés touareg et arabe ».
L’un des crimes recensés, a eu lieu pendant une opération conjointe entre la force française « Barkhane » et les armées malienne et burkinabée, en 2017. Ainsi durant cette opération, les militaires maliens avaient pour mission de fouiller des villages proches de Mondoro (près de la frontière burkinabée). Le rapport mentionne que « le 2 mai vers 16 heures […] plusieurs personnes, principalement des hommes peuls », ont été arrêtées dans les villages de Monikani et Douna par les militaires maliens. Emmenés au camp de Sévaré, ils ont été « violemment frappés par des soldats maliens avec des bâtons pour les forcer à admettre qu’ils appartenaient à des groupes armés extrémistes, [les militaires] menaçant de les tuer s’ils n’avouaient pas ». Trois hommes sont morts dans le camp.
Toujours selon la commission, plusieurs signataires de l’accord de paix, dont les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des groupes armés pro-gouvernementaux (Gatia et MAA-Plateforme), sont également responsables de « crimes de guerre ».
D’autres parties-prenantes du conflit, notamment des groupes armés djihadistes mais aussi la milice Dan Nan Ambassagou, qui s’est érigée en défenseuse des Dogons sont désignées et accusées de « crimes contre l’humanité ». Les membres de cette milice ont agi en criminels de guerre lors d’attaques en juin 2017 de hameaux peuls proches de Koro, attaques au cours desquelles « au moins 39 civils, dont des enfants », ont été tués, toujours selon la commission.
Source : Le Monde Afrique