Le personnel soignant malien fait entendre ses critiques dans la gestion de la crise par le gouvernement ; alors qu’on assiste à une hausse des contaminations.
Le Mali semblait jusqu’à maintenant se comporter relativement bien lors de la première vague de l’épidémie de coronavirus. Ce n’est désormais plus le cas, alors qu’on dénombre plus de 150 cas de contamination par jour.
Le Mali déclare à ce jour, près de 6 200 cas officiellement enregistrés, dont 222 mortels, dans un pays qui compte une population de 20 millions d’habitants. « Un chiffre bien en deçà de la réalité. Les statistiques ne sont pas fiables, les données ne sont pas remontées régulièrement et la population n’est pas assez informée sur le virus. Beaucoup de patients attribuent leurs symptômes à un rhume, une grippe ou une crise de paludisme et ne se déclarent jamais » déclare Sadio Yena, le chef du service de chirurgie thoracique de l’hôpital du Mali à Bamako.
La population est beaucoup plus testée que lors de la première vague. Le nombre de tests par jour, est passé de 500 en mars à près de 2 500 aujourd’hui.
« Alors que les cas montent en flèche, la coordination du ministère de la santé pose problème. A deux reprises ces dernières semaines, le ministère n’a envoyé aucun représentant aux réunions de coordination du comité national de gestion des épidémies. C’est une situation très problématique. » Une critique partagée par Modibo Doumbia, chirurgien thoracique et président du conseil régional de l’ordre des médecins, à Bamako : « L’Etat a failli, il faut le dire. Il n’a pas donné de réponse appropriée depuis mars. Il y a eu quelques efforts, mais insuffisants. Alors que nos hôpitaux sont saturés, aucune directive claire n’a été donnée. Le coup d’Etat a stoppé les campagnes de sensibilisation dans les radios et à la télévision. Aujourd’hui, on en paie le prix » affirme un médecin travaillant dans une organisation internationale.
Alors que le corps médical fait savoir son mécontentement ; le gouvernement a annoncé deux mesures importantes le 18 décembre : la fermeture des écoles jusqu’au 10 janvier, et la fermeture des bars, restaurants et de certains commerces pendant quatorze jours.
En conseil des ministres extraordinaire, il a été décidé un état d’alerte sanitaire de six mois et un état d’urgence de dix jours. Et ce afin d’endiguer ce qui apparaît comme une vague montante alors que la population ne respecte pas les gestes barrières.
Aussi les professionnels de la santé sont inquiets compte tenu de la virulence de la deuxième vague versus la première. « Depuis le premier cas déclaré au Mali, le 25 mars, on avait atteint un maximum de 276 cas par semaine. La semaine dernière, nous sommes passés à 679 cas », souligne le docteur Idrissa Compaoré, coordinateur médical de Médecins sans frontières (MSF) au Mali.
La situation s’annonce préoccupante, surtout en pleine saison de l’harmattan qui tend à véhiculer de nombreuses infections respiratoires.
Source : Le Monde Afrique