A Lagos, l’heure n’est pas au retour au calme, au lendemain de la répression d’une manifestation de la jeunesse qui a fait au moins douze morts.
Alors que depuis quinze jours, la jeunesse défile et manifeste au Nigeria pour réclamer une nouvelle gouvernance et la fin des violences policières, constat est fait que la situation est de plus en plus tendue. On déplore suite aux affrontements de mardi 20 octobre le décès d’au moins douze personnes. L’armée et la police ont ouvert le feu sur deux rassemblements pacifiques, selon les déclarations de l’ONG Amnesty International.
L’Union européenne (UE) et l’Organisation des Nations unies (ONU) ont condamné ces violences. L’UE a précisé qu’il est « crucial que les responsables de ces abus soient traduits en justice et qu’ils aient à rendre des comptes ». L’ONU a quant à elle demandé « la fin des brutalités et des abus policiers au Nigeria ».
Dans ce contexte violent, les appels à la démission du président, Muhammadu Buhari, se font entendre.
Dans tout le pays, on constate des affrontements. A Abuja, la capitale des dizaines de véhicules et de bâtiments ont été incendiées. A Benin City (Sud), trois postes de police ont été pris d’assaut. Des prisonniers ont également pu s’échapper de deux centres de détention. A Kano, des centaines de jeunes ont pris d’assaut les rues. Les plus virulents d’entre eux ont brûlé voitures et commerces.
L’intervention du président, Muhammadu Buhari promettant le démantèlement d’une unité des forces de l’ordre controversée et promis et une réforme de la police n’a pas apaisé les tensions.
Mardi 20 octobre, le Sénat a appelé le président Muhammadu Buhari, à s’adresser « de toute urgence » au pays. Le Sénat considère que le gouvernement doit répondre aux demandes des manifestants.
Pour mémo, les manifestants revendiquent une meilleure représentation de la jeunesse sur la scène politique, et réclament des augmentations de salaires et des réformes en termes d’emplois. Le chômage des jeunes est massif au Nigeria et la crise économique mondiale agravée par la pandémie liée au coronavirus ne fait qu’accentuer les fragilités du pays.
Si le Nigeria est la première puissance économique du continent africain grâce au pétrole, il est aussi le pays où l’on constate un taux très élevé d’extrême pauvreté. Le pays entrera selon toute vraisemblance, en récession pour la deuxième fois depuis 2016.
Source : Le Monde Afrique