Un couvre-feu a été imposé à Lagos, la capitale économique du Nigeria, alors que se multiplient les manifestations et que les revendications évoluent.
Les premières manifestations concernaient principalement la dénonciation des violences policières ; les revendications évoluent. La jeunesse du pays réclame dorénavant « une meilleure gouvernance ».
Le climat est de plus en plus tendu à Lagos qui se retrouve presque complètement paralysée par les manifestations. A Lagos, un couvre-feu de vingt-quatre heures a été déclaré. « Les manifestations pacifiques ont dégénéré en un monstre qui menace le bien-être de notre société (…). J’impose un couvre-feu de vingt-quatre heures dans tout l’Etat à partir de 16 heures aujourd’hui » a ainsi annoncé le gouverneur de l’Etat de Lagos, Babajide Sanwo-Olu le 20 octobre.
Depuis vendredi, les milliers de manifestants ont défilé dans les principales villes du sud du pays. Et cela ne va pas sans heurts. A Abuja, le 19 octobre, des tensions se sont fait sentir entre manifestants et forces de l’ordre, qui ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes. A Benin City lundi, des groupes de jeunes armés ont attaqué des manifestants. Les attaquants sont accusés d’être payés par des responsables politiques locaux. On note également que deux postes de police ont été visés par des attaques de personnes se présentant comme des manifestants. Le gouverneur de l’Etat a instauré un couvre-feu de 24 heures à partir de lundi après-midi.
La contestation dénonçait, initialement les violences policières, mais s’est transformée en une revendication contre le pouvoir. Des drapeaux nigérians ou des appels à la démission du président Muhammadu Buhari. « Tous ceux âgés de plus de 65 ans devraient quitter le gouvernement, Buhari en fait partie », « Buhari est un mauvais garçon », ont fleuri dans les cortèges lors des dernières manifestations. A Benin, « des centaines de jeunes marchaient en chantant “Plus de Buhari”.
Les manifestants réclament une meilleure représentation de la jeunesse sur la scène politique mais pas uniquement. Les jeunes demandent plus de progrès en matière de politique sociale. Ils exigent également des mesures en matière d’emplois, des hausses de salaire.
Sunday Dare, le ministre de la jeunesse et des sports à l’issue de sa rencontre avec le chef de l’Etat lundi a déclaré que « Le président a promis qu’il mettrait en place les réformes promises » pour moderniser la police, a déclaré « Mais les réformes sont un processus long ». Le gouverneur de l’Etat de Lagos, Babajide Sanwo-Olu a quant à lui, exhorté les jeunes manifestants à la patience. Sur Twitter, le gouverneur a précisé qu’il comprend les attentes de la jeunesse nigériane : « Je comprends votre peine et je sais que vos inquiétudes sont légitimes ».
Source : Le Monde Afrique