L’opposition ivoirienne s’est réunie, samedi 10 octobre 2020, au stade Félix Houphouet Boigny à Abidjan, pour contester la candidature d’Alassane Ouattara qui brigue un troisième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Sans pour autant préciser le contenu du mot d’ordre de désobéissance civile qu’elle a lancé.
Des milliers de manifestants se sont regroupés au stade Félix Houphouet Boigny pour marquer leur adhésion au mot d’ordre de désobéissance civile lancé par les leaders de l’opposition.
Après la cérémonie d’investiture du président sortant, qui s’est déroulée dans le même stade, samedi 22 aout dernier, l’opposition était attendue sur le terrain de la mobilisation.
Le public clairsemé aux premières heures du rassemblement s’est étoffé progressivement jusqu’ en début d’après-midii, alors que certains analystes avaient prédit un échec de la manifestation, à cause de la faible affluence constatée quelques heures après l’ouverture du « Félicia».
Selon plusieurs témoignages concordants, l’important dispositif policier déployé pour sécuriser le meeting aurait empêché certains manifestants de rallier le mythique stade où se sont réunies environ 30 000 personnes, d’après une dépêche de l’AFP.
Mais à en croire une déclaration des plateformes et partis politiques de l’opposition, datée du 11 octobre 2020, plus de 100 000 personnes étaient présentes à cette rencontre.
Rassemblés au sein d’un front uni contre la candidature de Ouattara, les leader de l’opposition dénoncent par ailleurs « de nombreuses entraves perpétrées par le régime du RDPH, en complicité avec certains éléments des forces de l’ordre, en vue d’empêcher l’arrivée des militants, des sympathisants et des populations au Stade Félix HOUPHOUET- BOIGNY. »
« Des barrages ont été érigés juste pour créer des difficultés d’accès au stade, le cortège du Président Henri KONAN BÉDIÉ a été bloqué, des transporteurs, qui devaient convoyer des participants, ont été instrumentalisés pour se désister au dernier au moment, des cars transportant les militants ont été empêchés d’arriver sur le site de la manifestation. C’est le cas, entre autres, de ceux en provenance de Yopougon, attaqués et stoppés à Siporex, d’Attécoubé, arrêtés au niveau de la Caréna, d’Aboisso, de Bonoua et de Bassam, arrêtés à Bassam, les cars qui ont pu arriver d’Adjamé, d’Abobo, d’une manière générale du nord et du nord-est d’Abidjan, ont été stoppés au niveau de Fraternité matin, pour créer des difficultés supplémentaires aux militants qui ont dû se rendre à pied au stade, plusieurs cars transportant des militants ont été caillassés, des individus armés de gourdins et de machettes ont intimidé, provoqué et agressé des participants à mains nues, sous le regard complice de certains éléments des forces de l’ordre, enfin, des véhicules de police avec du matériel de combat ont été déployés sur le plateau dans le but évident d’intimider les militants », mentionne le communiqué des plateformes et partis politiques de l’opposition,
Samedi 10 octobre 2020, au stade Félix Houphouet Boigny, les leaders de l’opposition ont exprimé leur détermination à faire aboutir leurs requêtes.
« Nous sommes prêts à mourir », a déclaré Marcel Amon Tano.« Ce pays, la Côte d’Ivoire, est le pays du Zouglou et du Couper-Décaler. C’est le pays où on redresse les politiques tordues », a réagit Pascal Affi N’guessan. Pour Mamadou Coulibaly, « un peuple uni, ne sera jamais vaincu. » De son côté, Henri Konan Bédié promet que « la dictature sera vaincue dans quelques jours. » Et Selon Mabry Toikeuse, « il n’y aura pas de troisième mandat pour Ouattara.»
Sur le plateau dé l’émission NCI 360, du dimanche 11 octobre 2020, consacrée au meeting du 10 octobre, des invités se sont prononcés sur la stratégie de l’opposition. Innocent Gnelbin, le président de force aux peuples, une organisation proche du RHDP, le parti au pouvoir, soutient que « le véritable débat, c’est le contenu du mot d’ordre ». « L’opposition dit qu’elle fait une désobéissance civile. Ce qui est un mot d’ordre extrêmement fort. Donc on attend, leur militants attendent, que le mot d’ordre soit formulé en actes pratiques. (…) Au stade, nous constatons que l’ensemble des interventions vont dans tous les sens », a-t-il estimé.
Pour Méité Sindou, « il faut conclure que ce meeting a été un échec. » « L’objectif de l’opposition, c’était de bloquer le processus électoral, c’était d’envoyer un signal fort, non seulement à la communauté nationale, mais aussi à la communauté internationale, pour signifier que le processus électoral, tel qu’il se déroule en ce moment, est un processus antidémocratique. (…) Cette opposition ne vole pas comme une plateforme unitaire, elle n’est pas unie», a commenté le patron de Nord-Sud.Info.
Également présent sur le plateau, le Dr Arthur Banga, analyste politique et historien, qui admet que l’opposition ne rassure pas ses militants, ne partage pas cependant le même point de vue. Il s’insurge : « Quand j’entends des gens dire que l’opposition n’est pas unie, je me demande si on a vu le même meeting. (…) Ils (les responsables – ndlr) ont trouvé un socle commun, clair : Non au troisième mandat d’Allasane Ouattara, non à la CEI, non au Conseil Constitutionnel. Cela paraît dans tous les débats. »
De fait, les avis sont mitigés quant à la posture des adversaires d’Alassane Ouattara, à quelques jours de l’élection présidentielle en Côte d’ivoire.
L’opposition qui veut tenir la dragée haute au pouvoir, en vue de faire triompher ses revendications, n’a pas encore dévoilé le contenu de son mot d’ordre de désobéissance civile lancé le 20 septembre 2020 par Henri Konan Bédié, au nom des partis et groupements de l’opposition.