L’Organisation mondiale de la santé (OMS), présidée par l’éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, vient d’adresser ses félicitations au Togo pour les résultats qu’il a obtenus en matière de lutte contre le tabagisme. Grâce à une politique antitabac globale, le Togo, sous l’impulsion du Premier ministre Komi Selom Klassou, obtient en effet les meilleurs résultats de l’Afrique sub-saharienne, avec seulement 12,5% de la population adulte dépendante à la cigarette.
En s’adressant plus particulièrement au Professeur Vinyo Kumako, coordonnateur du programme national contre le tabac, la représentante résidente de l’OMS, le Dr Diallo Fatoumata, a qualifié le Togo de « pionnier » et de « champion » de la lutte antitabac.
Pour atteindre ce résultat, le Togo a réussi à ne pas céder aux sirènes du lobby du tabac, comme l’y avait encore encouragé le bureau togolais de l’OMS lors de la dernière Journée Mondiale Sans Tabac, le 31 mai dernier. La consultante de l’OMS Simone Claire rappelait à cette occasion comment l’industrie du tabac cible plus particulièrement les enfants et les adolescents grâce à des stratégies marketing conçues pour en faire des fumeurs réguliers.
Une mesure nouvelle pour mettre fin aux trafics de tabac au Togo
Les résultats du Togo en matière de lutte antitabac devraient encore s’améliorer avec l’annonce faite jeudi 13 août par l’Office Togolais des Recettes (OTR) d’un Système automatisé de marquage des produits (SAM) pour lutter notamment contre le commerce illicite de tabac. L’objectif ? Marquer et tracer les produits pour empêcher les fraudes, notamment les produits du tabac, en application du Protocole de l’OMS « pour éliminer le commerce illicite de tabac », entré en vigueur le 25 septembre 2018. Confié à la société suisse SICPA, leader mondial de la traçabilité sécurisée, ce système qui sera mis en place le 1er septembre va empêcher les fabricants de tabac d’inonder de leurs produits les réseaux parallèles.
D’après de nombreuses études, les fabricants de cigarettes faciliteraient le commerce parallèle de tabac, comme le démontre par exemple l’African Tobacco Control Alliance (ATCA), un réseau panafricain d’organisations de la société civile dédié à la prévention du tabagisme. Les politiques de santé publique, fondées sur des hausses de prix, sont souvent mises en échec et des produits du tabac à bas prix sont disponibles pour les personnes avec peu d’argent, notamment les jeunes.
La CEDEAO, l’échelon pertinent pour une politique antitabac efficace
Si le Togo est désormais considéré comme un exemple dans la lutte antitabac, la question est désormais de savoir si ces orientations vont être reprises par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La CEDEAO est une institution politique régionale solide, représentant les populations de l’Afrique de l’Ouest, et un espace économique adéquat pour la mise en œuvre d’une politique antitabac ambitieuse et efficiente, notamment sur le plan de la lutte contre les trafics.
Cette politique antitabac s’impose aujourd’hui, pour des raisons de santé publique – 50% des fumeurs mourant prématurément – et pour des raisons économiques et financières : le coût social du tabac étant en moyenne 6 à 8 fois supérieur aux recettes qu’il génère. Le tabagisme appauvrit les fumeurs mais également les contribuables non-fumeurs qui alimentent par le paiement des taxes les profits des géants du tabac.
Si le président de la République du Togo Faure Gnassingbé a mis en place une politique volontariste dans ce domaine, plusieurs de ses homologues n’ont pas fait le même choix. C’est le cas notamment du Cameroun. Le président camerounais Paul Biya a certes ratifié le Protocole de l’OMS, mais la députée de l’opposition Rolande Ngo Issi s’inquiète des «industries du tabac qui s’organisent, avec le soutien de certains compatriotes, pour influencer le choix de ce mécanisme de contrôle». L’association de santé Génération sans tabac alerte également sur une possible alliance Etat/cigarettiers en Côte d’Ivoire. Enfin des soupçons de collusion pèsent sur le Burkina Faso.
Les pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) gagneraient à se coordonner dans leur lutte contre le tabagisme, à l’image du Togo, bon élève en matière de réglementations et de santé publique.
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