Dominique Nouvian Ouattara, très engagée dans la lutte contre le travail des enfants dans l’industrie du cacao, en Côte d’Ivoire, a fustigé les conclusions d’un rapport à paraître de NORC, un institut de recherche américain basé à Chicago.
C’est un rapport qui, avant même d’être publié, ne passe pas. Le NORC, un institut de recherche américain basé à Chicago, doit rendre le 29 juin prochain son enquête sur le travail des enfants dans les zones productrices de cacao, en Côte d’Ivoire et au Ghana. C’est le sénateur de l’Iowa Tom Harkin et le député de New York Eliot Engel, tous deux membres du Parti démocrate américain, qui avaient incité l’industrie mondiale du cacao à signer en 2001 un engagement visant à respecter la Convention 182 de l’Organisation internationale du travail (OIT), interdisant les pires formes de travail des enfants. Une première enquête avait été menée, entre 2008 et 2009, puis une deuxième, entre 2013 et 2014, par l’Université de Tulane, à la Nouvelle-Orléans (Louisiane), grâce à des fonds provenant du Département américain du travail (USDOL). Avant, donc, cette troisième enquête polémique.
Un rapport lacunaire
Ce n’est pas l’intégralité des conclusions, qui notent de bons points — notamment « la forte baisse du nombre moyen d’heures de travail réalisées par les enfants dans la production de cacao et la forte augmentation de la fréquentation scolaire des enfants des ménages agricoles » —, qui pose question, mais certains aspects fondamentaux du rapport, comme l’a d’ores et déjà souligné le Comité national de surveillance des actions de lutte contre les pires formes de travail des enfants (CNS). Des « lacunes », à en croire l’équipe de sa présidente, la Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian Ouattara, liées à l’échantillonnage et l’extrapolation, ainsi qu’à la période de référence pour la collecte des données, qui empêchent de dresser la moindre comparaison entre la troisième étude et les précédentes, faisant courir le risque de conclusions trompeuses.
Résultat, les auteurs du rapport ont noté quelques « insuffisances » dans la lutte pour l’éradication du travail des enfants dans l’industrie du cacao. Ce que le CNS a immédiatement fustigé. « La Côte d’Ivoire ne peut approuver l’enquête 2018/2019 dans sa version actuelle, qui comporte des failles », précise le Comité dans un communiqué, lui qui avait auparavant fait connaître ses préoccupations concernant les insuffisances de la méthodologie de l’enquête du NORC. « Malgré la reconnaissance de ces erreurs méthodologiques et de leurs impacts potentiels sur la crédibilité des conclusions, NORC et l’USDOL n’ont jusqu’à présent pas souhaité apporter les modifications nécessaires, citant des contraintes de comparaison des données », selon le CNS.
Dominique Nouvian Ouattara souligne les progrès réalisés
Piqué au vif, le Comité a également rappelé que le gouvernement ivoirien était résolu à éliminer le travail forcé des enfants dans le secteur du cacao. Il s’est dit fier des progrès accomplis à cet égard sur les 12 dernières années, et notamment en 2019, année au cours de laquelle l’USDOL a souligné les « progrès significatifs » de la Côte d’Ivoire. Très active à la tête du CNS, Dominique Nouvian Ouattara avait d’ailleurs présidé, le 11 avril 2019, la cérémonie d’ouverture d’un atelier de réflexion sur l’élaboration du nouveau Plan d’action national 2019-2021, afin de prendre en compte tous les nouveaux défis liés à l’élimination durable de l’exploitation et du travail des enfants.
En avril dernier, alors que la Côte d’Ivoire était confrontée comme le reste du monde à la pandémie de coronavirus, Dominique Nouvian Ouattara était montée au créneau pour « lancer un appel solennel aux parents » faisant face à la fermeture des écoles. « Le travail des enfants est interdit et puni par la loi. Nul n’a le droit de faire exécuter à un enfant une activité qui le met en danger ou qui affecte sa santé, sa croissance ainsi que son équilibre physique et mental. La campagne intermédiaire du cacao actuellement en cours et la fermeture provisoire des établissements scolaires ne doivent pas être un prétexte pour violer les droits des enfants », avait-elle rappelé.
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