Après plusieurs péripéties au cours du premier dialogue politique, les pourparlers ont abouti à une « réforme » de la Commission électorale indépendante. Mais cette révision est contestée par l’opposition qui reproche au pouvoir de s’être octroyé la part du lion dans la nomination des 15 membres de la CEI devant conduire les échéances électorales de 2020 en Côte d’Ivoire.
C’est dans cette ambiance que s’est ouverte la deuxième phase des discussions relatives au code électoral. Initiée début janvier, elle a été brusquement stoppée pour incompréhensions entre les deux parties. Le président Alassane Ouattara est sollicité pour dénouer la crise.
En dépit de la requête de l’opposition qui dénonce le caractère impartial de la CEI dans sa nouvelle mouture qui serait un simple ajustement, en lieu et place d’une réforme de l’institution, et des recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), la loi portant recomposition de la Commission électorale indépendante a été promulguée le 6 août 2019. Les 15 membres de la commission centrale ont prêté serment le 27 septembre et les commissions électorales locales ont été installées.
En effet, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a exigé une Commission impartiale en Côte d’Ivoire, car elle a estimé que la CEI dans sa formule était un organe électoral déséquilibré, au point où son indépendance et son impartialité étaient suspectées.
Les interpellations récentes des diplomates accrédités en Côte d’Ivoire et des évêques ne feront pas fléchir le pouvoir d’Abidjan. Le 6 janvier 2020, le chef de l’État ivoirien est resté de marbre face à la plaidoirie des ambassadeurs qui souhaitent la mise en place d’une Commission électorale indépendante inclusive. Pour mémoire, le FPI, présidé par Laurent Gbagbo, et le PDCI RDA, présidé par Henri Koran Bédié, deux poids lourds de la scène politique ivoirienne, qui ont boycotté les rencontres, n’ont pas eu voix au chapitre.
Le président Alassane Ouattara a adopté la même attitude à l’appel des prélats, lors de la 114ème Assemblée plénière des évêques de Côte d’Ivoire, tenue dans le diocèse de Korhogo, le 19 janvier dernier. Par la voix de Mgr Salomon Lézoutié, le clergé catholique a plaidé pour une CEI réellement crédible, tout en privilégiant le consensus et le dialogue inclusif.
Pour le pouvoir d’Abidjan, le débat sur la réforme de la CEI est clos. « Le président de la République l’a affirmé, il n’y aura pas de retour en arrière sur ce sujet », a signifié Sidi Touré, le porte-parole du gouvernement.
Recevant les corps constitués lors des échanges de vœux de nouvel an, le président Ouattara a déclaré qu’il a instruit le Premier ministre de poursuivre les discussions avec les partis politiques et la société civile, durant le mois de janvier, afin de finaliser le travail sur le cœur du processus électoral, c’est-à-dire le code électoral.
Pour ce faire, les discussions relatives au code électoral ont été entamées début janvier 2020. Mais contre toute attente ce processus s’est arrêté, sans qu’un communiqué final sanctionnant les discussions soit produit pour informer l’opinion nationale et internationale des décisions arrêtées.
Echec ou suspension ? Chaque camp en donne les raisons.
Dans une communication rendue publique le 17 février 2020, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly déclare : « J’ai procédé, ce jour, à la clôture de la phase 2 du dialogue politique sur le code électoral qui a débuté le 6 janvier dernier, sur instructions du président de la République, Alassane Ouattara. »
Selon lui, cette phase 2 a été saluée par toutes les parties prenantes, aussi bien les partis et groupements politiques, que les organisations de la société civile dans leur diversité. « Nous avons pu noter la volonté de tous d’aller à des élections apaisées. À l’issue de cette phase 2, j’ai noté des points de convergence, des points d’accord, des points de convergence possible, des désaccords et des recommandations à l’endroit de l’administration et de la Commission électorale indépendante, pour rendre le processus encore plus efficace. La délégation mandatée par le président de la République, que j’ai eu l’honneur de conduire, rendra compte au chef de l’Etat et au gouvernement, conformément aux dispositions en vigueur. Ils aviseront », a-t-il indiqué.
De leur côté, à l’issue de cette rencontre avec la délégation conduite par le Premier ministre, les organisations politiques de l’opposition ont animé une conférence de presse, mardi 18 février dernier.
« Contrairement aux termes de l’invitation qui leur avait été faite, ainsi contre toute attente et, au grand étonnement des organisations politiques et de la société civile, le Premier ministre a prononcé la clôture de cette session du dialogue politique », ont-elles fait savoir d’emblée.
Par conséquent, « l’opposition marque son incrédulité, sa déception et sa totale désapprobation, face au comportement du gouvernement qui confirme son manque de considération pour les organisations politiques nationales, sa propension à diriger ce pays par l’exclusion et un autoritarisme exacerbé, ainsi que sa volonté d’opérer un passage en force. »
C’est pourquoi « Les organisations politiques EDS, CDRP, LMP, FPI/AFD et l’URD, devant ces faits inédits et dans cette impasse, invitent l’opinion nationale et internationale a constaté que le gouvernement qui avait la charge de conduire ces discussions, a échoué dans sa mission. Il n’est plus guère et en aucune manière, qualifié pour poursuivre ou reprendre lesdites discussions. »
Par ailleurs, le communiqué conjoint note que « les organisations EDS, CDRP, LMP, FPI/AFD et l’URD, du fait de cette situation inattendue, grave et urgente qui se présente, interpellent le chef de l’État, afin qu’il prenne la mesure des périls qui menacent le pays, et qu’il accepte de relancer ces discussions dans un cadre rénové, consensuel, inclusif et crédible, au regard de l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. «
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