Dans une communication rendue publique la semaine dernière, le cardinal Jean-Pierre Kutwa, chef de l’église catholique en Côte d’Ivoire, a donné son autorisation pour que soit organisée par le biais de l’aumônerie de l’Office diocésain de la pastorale des jeunes d’Abidjan (ODPJA) et en collaboration avec l’Association des femmes de l’église catholique (AFEC) du diocèse d’Abidjan, une activité dénommée « Allons à la paix ».
Prévue pour le 15 février prochain, cette marche qui devrait débuter à la place de la République, pour prendre fin à la cathédrale saint Paul au quartier du plateau à Abidjan, dont l’objectif était de “sensibiliser à la paix et de prier pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire”, a été simplement et purement annulée par les initiateurs.
De fait, l’annonce de la « Marche pour la paix » a provoqué de vives réactions dans le pays. Certains observateurs reprochent à l’égide catholique son immixtion dans le débat politique quand on sait les dégâts que cette intrusion peut occasionner. En effet, le président Henri Konan Bédié du PDCI a profité de cette annonce pour demander à ses militants de descendre dans la rue en vue de soutenir l’église catholique.
Il n’en fallait pas plus pour que des voix s’élèvent pour dénoncer la récupération politique de cette initiative. Des personnalités, des partis et mouvements politiques proches du RHDP, le parti au pouvoir présidé par le chef de l’État, Alassane Ouattara, se sont mis en branle, pour crier leur indignation et s’opposer avec véhémence au projet de l’église Catholique.
Certains ont brandi des menaces à peine voilées, comme Touré Al Moustapha, qui déclarait lors d’un meeting animé le 25 janvier 2020 à Yopougon, aux adhérents de son mouvement dénommé ‘’ zéro victime aux élections’’ : « Nous avons appris qu’il y a des chrétiens catholiques qui veulent marcher le 15 février 2020. Le mouvement Zéro Victime dit non à la marche du 15 février sinon, nous appellerons tout le peuple à les rejoindre pour cette marche ».
D’autres ont franchi le rubicon sur les réseaux sociaux, en incitant au meurtre de chrétiens. Des publications parues sur facebook font d’ailleurs l’objet de l’ouverture d’une information judiciaire par le procureur Richard Adou. Les auteurs seraient activement recherchés par la police, un appel à témoins a été lancé.
Toutefois, l’Archevêché d’Abidjan, à travers un communiqué, a tenu à faire des éclaircissements.
Selon le Père Augustin Obrou, en charge de la communication et des Relations extérieures de l’Archevêché d’Abidjan, l’objectif majeur de ce rassemblement est de réaffirmer l’importance de vivre dans un environnement stable, prôner la paix entre les jeunes, montrer la nécessité de vivre dans la fraternité et la cohésion, sensibiliser la jeunesse diocésaine catholique et partant, la jeunesse nationale sur la non-violence pendant la période électorale.
« Soucieux de la situation socio-politique qui prévaut dans notre pays, les jeunes du Diocèse d’Abidjan, déterminés à prôner la paix, à unir les jeunes et à s’engager à être les messagers et les artisans de paix, ont initié cette action spirituelle forte. Ainsi, pour donner vie à cet engagement, sous l’éclairage de leur aumônerie et soutenus par l’Association des Femmes Catholiques (AFEC), les jeunes ont souhaité une marche priante dénommée ‘’ALLONS A LA PAIX’’. Malheureusement, la mise en œuvre de ce projet souffre d’interprétations ambivalentes, contradictoires et ambigües », mentionne le communiqué.
La marche priante fait donc place à une prière en faveur de la paix en Côte d’Ivoire qui se tiendra samedi 15 février 2020, de 07h à 13h30, à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan.
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