Lundi 6 janvier 2020, recevant le corps diplomatique au palais de la présidence, dans le cadre de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux, Alassane Ouattara, le président ivoirien, a été intraitable face à la requête des ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire, qui souhaitent que le pays dispose d’une Commission électorale indépendante (CEI) inclusive, pour la présidentielle à venir.
Comme il est de coutume en Côte d’Ivoire, c’est le nonce apostolique, doyen du corps diplomatique, qui porte le message des ambassadeurs accrédités dans le pays.
Dans son discours, le porte-parole des ambassadeurs a plaidé pour des conditions favorables à des élections transparentes, démocratiques, équitables, apaisées et acceptables par tous les partis politiques, afin de préserver la paix.
De fait, l’année 2020 marque un tournant décisif dans la vie politique en Côte d’Ivoire, du fait de la présidentielle qui aura lieu en octobre prochain.
Paolo Borgia s’est montré sceptique, notamment quant à la composition actuelle de la CEI, structure en charge des élections qui se dérouleront dans dix mois, à laquelle ne participe pas l’opposition significative.
« La grande famille diplomatique pense que tous les acteurs et partenaires électoraux devraient participer au travail de la Commission électorale indépendante, conformément à la Constitution et aux standards internationaux en matière d’élections. Cela contribuera, sans aucun doute, à ce que tous se reconnaissent dans le résultat et soient prêts à collaborer avec le nouveau chef d’État légitimé par les urnes », a estimé le doyen du corps diplomatique.
Mais pour le chef de l’exécutif ivoirien, il n’est point question de faire marche-arrière. « Toutes les conditions sont maintenant réunies pour que l’élection présidentielle à venir soit juste, transparente, ouverte et apaisée bien sûr. Les préparatifs de ce scrutin se déroulent normalement. La loi portant recomposition de la Commission électorale indépendante a été promulguée le 6 août. Les 15 membres de la commission centrale ont prêté serment le 27 septembre et les commissions électorales locales ont été installées », a indiqué le président du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, qui met ainsi fin à toute possibilité de « révision » de la CEI.
Poursuivant son propos, Alassane Ouattara déclare : « Je voudrais vous rassurer. La paix, la stabilité, la modernisation de notre pays et la cohésion sociale auxquelles nous sommes parvenues, sont désormais irréversibles. Notre pays s’est doté d’une Constitution porteuse des valeurs démocratiques et d’Institutions solides qui garantissent une dévolution démocratique du pouvoir ».
En outre, le président ivoirien a porté à la connaissance du corps diplomatique que « le Gouvernement rencontrera les partis politiques et la Société civile, dès le mois de janvier, avant de finaliser le travail sur le cœur du processus, c’est-à-dire le code électoral. »
Lors du premier conseil des ministres de l’année 2020, qui s’est tenu mercredi 8 janvier, Alassane Ouattara a effectivement demandé au Premier ministre, Ahmadou Gon, « de poursuivre les discussions avec les partis politiques et la société civile, durant ce mois de janvier, afin de finaliser le travail sur le cœur du processus électoral, c’est-à-dire le code électoral. À l’image des discussions qui ont abouti à la mise en place de la nouvelle Commission électorale indépendante, ce dialogue devra être ouvert et inclusif en vue de doter notre pays d’un code électoral adéquat. »
Mais avant cela, lundi 6 janvier 2020, le président ivoirien, qui aussi a échangé les vœux de nouvel An, ce jour, avec les membres des Institutions de la République, a annoncé la modification de la Constitution, un autre sujet qui alimente les débats dans le pays depuis un certain temps.
« Dans le courant du premier trimestre de cette année, je proposerai au Parlement, des modifications de la Constitution de la troisième République pour la rendre plus cohérente et tenir compte des observations que j’ai reçues depuis lors, du Comité de rédaction de la Constitution », a-t-il révélé.